L’Europe dépend du gaz russe, mais la Russie peut-elle abandonner ses principaux clients ?

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A la faveur de la crise russo-ukrainienne, l’Europe découvre qu’elle est dépendante du gaz russe. Mais comment en est-on arrivé là ?

60% des recettes internationales de la Russie dépendent de ses ventes de gaz et de pétrole

Tout le monde parle en ce moment, des sanctions sévères pour faire mal à la Russie et forcer Vladimir Poutine à mettre de l’eau dans sa vodka. Mais il y a un sujet tabou, une solution dont on ne parle pas : elle consisterait à arrêter d’acheter totalement du gaz russe. C’est la sanction la plus efficace, parce que l’économie russe est celle d’un émirat. C’est un pays dont plus de 60% des recettes internationales dépendent de ses ventes de gaz et de pétrole et ses premiers clients sont les Européens. Si on arrêtait de s’approvisionner auprès de Moscou, il faudrait beaucoup de temps aux Russes pour arriver à vendre leur énergie fossile ailleurs et cela ferait très mal tout de suite à la Russie.

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Mais peut-on vraiment le faire ? En fait, nous sommes totalement dépendants du gaz russe. Le gaz représente près d’un quart de l’énergie que nous consommons en Europe. La part de marché en Europe, du russe Gazprom, est passée en moins de 10 ans, de 25 à 45%. Tout d’abord cela s’explique par le fait que nous produisons moins de gaz. Les fameuses réserves de la mer du Nord ont des rendements qui chutent. En parallèle, nous consommons de plus en plus de gaz parce que nous fermons des centrales à charbon. En effet, plusieurs pays ne veulent pas du nucléaire et les énergies renouvelables ne montent en puissance que progressivement.

L’Allemagne n’évoque pas de couper le gazoduc Nord Stream 1 qui livre du gaz russe tous les jours

Si on coupait demain le robinet russe, les prix du pétrole, du gaz et de l’électricité qui sont déjà à des sommets, exploseraient. Ensuite on n’aurait très vite plus assez d’énergie pour se chauffer ou pour faire tourner l’économie allemande. C’est pour cela que pour l’instant, l’Allemagne bloque le gazoduc Nord Stream 2 qui n’est toujours pas entré en service. Mais elle n’évoque pas de couper le Nord Stream 1 qui lui, livre du gaz russe tous les jours depuis 2012.

David Barroux

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