Depuis la semaine dernière, les usines se remettent progressivement à tourner en France. Craignant des procès pour négligence, les patrons ont repensé l’organisation du travail pour protéger leurs salariés. Mais la production se fait en mode dégradé.
L’usine Toyota, à Valenciennes, reprend le travail ce matin
La France industrielle se relance doucement. Après un mois de confinement, de plus en plus d’usines s’adaptent pour pouvoir redémarrer. Mi-mars, les seules usines qui étaient restées ouvertes étaient celles qui étaient absolument essentielles, comme dans l’agroalimentaire ou la santé. Mais depuis la semaine dernière, on voit repartir des usines dans tous les secteurs.
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Par exemple, Toyota à Valencienne reprend ce matin. La semaine dernière, j’étais chez Guitton en Bretagne, le champion français de la bétaillère à niveaux. Il y a des exemples partout en France, des grandes entreprises aux PME. Seulement, redémarrer une usine est un casse-tête. La première préoccupation consiste à limiter les risques sanitaires. Il faut repenser la production pour que les ouvriers soient protégés.
Coronavirus : le parcours du combattant de l'industriel qui relance son usine https://t.co/fm92Mg4SDf
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Il a fallu trouver des masques et des gants, repenser les circulations, les pauses pour que chacun puisse garder une distance d’1 mètre. Il faut prendre la température des salariés tous les matins et éviter le retour du personnel à risque. Mais au-delà de la dimension sanitaire, il faut s’assurer que l’on peut produire dans un mode dégradé.
Avec au maximum 1/3 du personnel, la productivité des usines sera faible
A savoir, produire moins mais pas moins bien. Il faut pouvoir garantir qu’on aura des matières premières, des composants. On ne va pas redémarrer pour tout arrêter à nouveau dans dix jours parce que les fournisseurs n’auront pas été capables de suivre. Le risque zéro n’existe pas mais si les usines reprennent, ce n’est pas parce que les patrons sont pressés de se remplir les poches.
Eux savent que plus on attend, plus la reprise sera dure et les emplois menacés. Aujourd’hui, ils reprennent dans des conditions économiques très limites. Avec au maximum un tiers du personnel, la productivité va être très faible. Chez Toyota, ils vont assembler 50 voitures par jour contre 1.000 en temps normal. Mais il faut maintenir le lien avec les clients et faire entrer un peu d’argent dans les caisses. Il faut donc redémarrer progressivement.
"Le risque existe que la France devienne le pays dont l'économie reste la plus longuement arrêtée du monde. " – la chronique d' @EricLeBoucher ?https://t.co/zYRBnEqbaO
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Il y a en plus des ouvriers volontaires qui, eux aussi, veulent sortir de chez eux. Ce qui est vrai, c’est que beaucoup de patrons redoutent d’être poursuivis si demain des ouvriers sont malades. Certains syndicats voudraient mettre la France totalement sous cloche, mais ce n’est pas réaliste.
David Barroux