Les journaux japonais titrent ce matin sur le « respect et le courage », « sur une ambiance olympique tamisée », et se demandent bien qui sera le dernier relayeur de la flamme et quel sera le message. Car 57 ans après les jeux de 1964, les cinq anneaux sont sur une corde raide, nous rappelle Jean-Marc Vittori dans les Echos : l’épidémie de Covid-19 a retardé les jeux d’un an et la fête s’est transformée en défiance dans la population.
Jérôme Chapuis de La Croix le reconnaît : ces JO sous l’ère Covid seront un étrange spectacle
Les Japonais s’interrogent d’abord sur le coût de l’évènement : près de 20 milliards d’euros. Ensuite vis-à-vis des organisateurs, les mensonges, les polémiques, la gestion de la crise sanitaire. En clair, à partir d’aujourd’hui, le Japon va-t-il se réconcilier avec lui-même ? L’Opinion va plus loin : fallait-il les maintenir, ces Jeux Olympiques ? Oui, répondent en chœur la Croix et le Figaro. Dans son édito, Jérôme Chapuis le reconnaît : ces JO sous l’ère Covid seront un étrange spectacle, mais les organisateurs ont bien fait de maintenir l’évènement, ne serait-ce que pour honorer les 11 000 athlètes qui ont fait le déplacement à Tokyo.
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« Nous ne parlons pas ici des footballeurs et des tennismen » embraye Martin Couturié dans le Figaro, « mais bien de tous ces judokas, ces escrimeurs, ces tireurs à l’arc, ces lutteurs. Tous les acteurs de ce que l’on appelle les petites disciplines qui n’existent aux yeux du grand public qu’aux JO après des sacrifices gigantesques pour honorer le rendez-vous d’une vie ». Et une sportive en parle très bien ce matin, Marie-Josée Perec. L’ancienne championne d’athlétisme s’exprime dans le Parisien Week-end. Sa carrière, sa vie, sont intimement liées à l’aventure olympique.
Marie-Jo Pérec : « à l’échauffement, j’étais sur un banc et Carl Lewis est venu s’asseoir à côté de moi. Lewis, c’était un monument, une star planétaire, et je n’étais personne. »
Le plus grand souvenir de Marie-Jo Pérec, ce ne sont pas seulement ses victoires, ce sont aussi ses débuts. Elle n’a alors que 20 ans quand elle se qualifie pour ses premiers JO à Séoul en 1988.
Elle raconte : « à l’échauffement, j’étais sur un banc et Carl Lewis est venu s’asseoir à côté de moi. Lewis, c’était un monument, une star planétaire, et je n’étais personne. J’étais trop fière et en même temps je me suis dit : il a des boutons Carl Lewis, je croyais qu’il était plus beau que ça, plus grand. C’est la magie de cette compétition, ce mélange entre stars et anonymes » . A ce moment-là, conclut Marie José Pérec « j’ai pris rendez-vous avec moi-même ».
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Des athlètes en devenir, à l’aube de leur carrière, il y en a des pages entières dans vos journaux aussi ce matin, entre la Sarthe qui rêve de médaille d’or dans le Maine Libre, et les 36 nageurs qui ont quitté Marseille pour Tokyo dans la Provence. « Les visages d’une France plurielle » résume Le Parisien, comme celui de Madeleine Larcheron, la benjamine des bleus. A 15 ans seulement, elle disputera les premières épreuves de skateboard de l’histoire. C’est une nouvelle épreuve de taille pour Madeleine cette année, car avant de partir pour Tokyo, la collégienne a passé le brevet au mois de juin.
Des judokas fraîchement qualifiées chez les dames vont forger leur expérience aux côtés de la quintuple championne du monde Clarisse Agbegnenou
Il y a aussi l’histoire de Qi Xuefei, une joueuse chinoise de badminton qui endossera les couleurs tricolores. Qi Xuefei a débarqué à Rostrenen en Bretagne en 2014, initialement pour disputer des matches interclubs, finalement la Chinoise est tombée amoureuse de la région et d’un breton en particulier. Elle n’a jamais refait ses valises. Dans les bassins on retrouvera aussi Laura Tremble, 22 ans. L’étudiante en aéronautique disputera la natation artistique avec sa sœur jumelle. Et puis il y a les jeunes pousses qui se retrouvent parmi les grands, ces judokas fraîchement qualifiées chez les dames et qui vont forger leur expérience aux côtés de la quintuple championne du monde Clarisse Agbegnenou. Une émulation sportive et humaine sous l’ère Covid. La gagne, c’est aussi quelque chose de contagieux.
Marc Bourreau