Cela fait plusieurs mois qu’on parle du retour de l’inflation. Ce n’est plus un chiffre d’économistes mais bien une réalité que les Français vont sentir passer.
De fortes hausses de prix attendues pour mars ?
On parle bien d’une inflation sur les produits du quotidien, et pas seulement les carburants. L’exemple majeur est le prix des pâtes. Un prix symbole d’une denrée de base car tous les Français en mangent. Il a été le premier à augmenter, du fait des cours du blé dur qui avaient bondi. +10% sur les pâtes en moyenne, +25% sur les premiers prix. Les clients s’en rendent compte, résultat : les ventes ont baissé de 20% depuis octobre, selon l’institut Nielsen, cité par Le Figaro. Il y a d’autres produits comme le poulet (+9% en 2021), le café qui pourrait grimper de 5 à 10% cette année, les huiles de colza et de tournesol qui devraient monter elles aussi de 5 à 10%.En dehors des raisons spécifiques à une filière (un aléa climatique sur le blé ou un problème géopolitique sur le café), tous les produits sont touchés par la hausse du coût de l’énergie, du coût de l’emballage (papier, carton) et du coût du transport. Mais attention, les prix de l’alimentaire vont encore monter.
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Une date est à retenir, le 28 février marquera la fin des négociations entre les industriels de l’agroalimentaire et la grande distribution. Négociations annuelles mais très particulières cette année. L’exécutif et la majorité se sont sans doute mis tous seuls dans un piège avec une nouvelle loi au bénéfice des agriculteurs mais qui devrait aboutir à des hausses de prix comme jamais. On sait qu’en ce moment dans les discussions, les hausses demandées sont de 7 à 10%. Cela va faire d’autant plus mal que les consommateurs en France, se sont habitués à ce que leur panier de courses soit stable et même en baisse depuis une dizaine d’années. La guerre des prix a bien aidé entre Leclerc, Intermarché, Lidl et les autres. Tous voudraient que ça se calme un peu. Auchan est en train de regarder comment se marier avec Carrefour. Voilà encore un dossier sensible dans le climat de la présidentielle puisque dans toute fusion, il y a la question de l’emploi.
Les banques centrales doivent lutter contre l’inflation
Comment limiter les effets de cette inflation ? D’abord il y a la stratégie des grands distributeurs qui crient au loup en ce moment. Ils nous disent : « ça va flamber ! » en espérant que ça n’augmente pas tant que ça et que les hausses de quelques pourcents soient acceptables pour leurs clients. Ensuite, ils vont tenter ce qu’on appelle la péréquation c’est-à-dire augmenter le prix des pâtes mais baisser le prix des couches et le panier d’une famille ne bouge pas tant que ça. Ça tient dans une certaine mesure mais la réglementation interdit la revente à perte, donc les marges de manœuvre sont réduites.
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Du côté des pouvoirs publics, le sujet est très risqué. Imaginez des hausses de prix juste après les négociations commerciales donc au mois de mars, à la veille de la présidentielle. Il y a la tentation des chèques inflation à tout va. Mais Emmanuel Macron est déjà accusé de faire campagne avec le chéquier des Français. Et puis le rôle de l’Etat n’est pas de lutter contre l’inflation. La preuve avec ce qui s’est passé en octobre. Souvenez-vous de la complexité que cela a été de se décider sur une mesure face au boom du prix de l’essence. On décide d’un virement de 100 euros et pas de chance, le baril de pétrole baisse mais trop tard, pas question d’annuler le geste. Lutter contre l’inflation, c’est le rôle des banques centrales. En Europe, elle est tiraillée entre plusieurs pays. Ils n’ont pas le même niveau d’inflation ni les mêmes priorités : lutter contre la hausse des prix ou bien pour la croissance, ou financement de la dette. Dans ce contexte, la parole des patrons de la grande distribution est scrutée.
François Geffrier
Ecoutez François Geffrier (à 7′)