Groupe M6 : qui sont les potentiels acheteurs ?

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La rumeur qui courait depuis un moment est désormais officielle : le groupe allemand Bertelsmann, actionnaire de contrôle du groupe M6 est prêt à vendre son actif en cas d’offre intéressante.

M6, W9, Gulli, RTL et Fun appartiennent au groupe M6

Le groupe M6 appartient un peu au monde d’avant. La télévision linéaire classique avec des chaînes comme M6, W9, Gulli ou des radios comme RTL ou Fun sont de très beaux actifs qui valent de l’argent mais qui n’ont plus beaucoup de potentiel de croissance. L’avenir de l’audiovisuel, c’est du streaming à la Netflix ou à la Deezer ou Spotify. La création de valeur réside désormais plus dans des modèles d’abonnements que dans des financements par la publicité, Bertelsmann préfère donc miser sur son pays, l’Allemagne, où il est un acteur incontournable d’un secteur de l’édition qu’il domine et qui a été moins bouleversé par le digital.

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Cependant, M6 peut-il intéresser ? Bien sûr. Tout d’abord car ce n’est pas trop cher, la capitalisation boursière du groupe ne dépasse pas les deux milliards. Ensuite, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas beaucoup de croissance potentielle qu’il n’y a pas de valeur. M6 est un groupe très bien géré et rentable, dont un acheteur peut espérer dégager des synergies.

 

Les groupes TF1-Bouygues ou Vivendi comme potentiels acheteurs ?

L’acquéreur sera sans doute Français, la loi interdit de toute façon à un non-européen de prendre le contrôle d’une chaîne hertzienne. Parmi eux, TF1-Bouygues pourrait voir dans ce rachat le moyen de devenir un incontournable de la télé gratuite. Mais une telle opération poserait des problèmes de seuil anti-concentration dans l’audiovisuel ainsi que des problèmes de concurrence.

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L’autre candidat naturel est Vivendi, propriétaire de Canal+, qui reste faible dans la télé gratuite et qui ne possède pas de radio. Dans ce cas là, on identifie de réelles synergies. RTL et CNews sont complémentaires et les radios musicales complètent bien leur maison de disque Universal. Etre dans les télés gratuites et payantes permettrait de mieux amortir des programmes en les diffusant sur toutes les chaînes du groupe. Cela serait également un moyen de créer un rival français à Netflix. Il va falloir suivre la réaction des pouvoirs publics qui aiment bien les champions français mais n’aiment pas forcément les groupes trop puissants dans les médias et pourraient ainsi préférer que des nouveaux acteurs comme Xavier Niel de Free ou Patrick Drahi de SFR Altice s’invitent dans ce dossier. Mais ces derniers auraient potentiellement moins de synergies que Vivendi. De plus, comme M6 est un groupe que Nicolas de Tavernost a très bien géré, il serait difficile d’améliorer la rentabilité en réduisant les coûts.

David Barroux