On parle depuis plusieurs semaines, des pénuries ou des risques de pénurie, dans différents secteurs tels que celui des jouets, des vêtements, des meubles ou encore des outils de bricolages.
Les coûts de transport ont été multipliés par 7
Une partie du problème vient du trafic maritime complètement désorganisé par la crise sanitaire mais aussi de la pénurie de conteneurs, ces immenses boîtes métalliques qui parcourent les mers sur les bateaux. Avec la reprise, la demande augmente et le fret maritime ne suit plus. Il faut par exemple, 80 jours pour acheminer un produit d’Asie en Amérique du Nord, le double de jours d’avant la crise. Les coûts de transport explosent et ont été multipliés par 7. Cela pèse évidemment en bout de chaîne, sur les distributeurs. Acheminer un conteneur coûtait 2.000 euros en 2019. Aujourd’hui c’est 15.000 euros se désole Philippe Gueydon directeur général de King Jouet et co-président de la FCJPE, la Fédération du secteur du jouet. Cela renchérit le prix des produits, qui pour cette enseigne viennent à 60% d’Asie, « j’ai un exemple d’une peluche qui nous revenait à 7 euros, elle va maintenant nous revenir à 12 euros. C’est colossal et ça n’est que l’impact du transport. Cela nous oblige à en absorber une partie, on ne peut pas tout répercuter sur le consommateur. L’impact est de plusieurs centaines de milliers d’euros voire de millions d’euros ».
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Michel-Edouard Leclerc et la FCJPE demandent la création d’une mission parlementaire
Si les prix sont si élevés c’est qu’il n’y a pas assez de bateaux ni de conteneurs explique Paul Tourret, directeur de l’Institut supérieur d’économie maritime. C’est le principe de l’offre et la demande, « on a un volume en croissance de 20% du côté américain et 10% du côté européen. Comme le transport maritime et notamment les conteneurs ont été formatés dans les années 2010 sur un certain volume de marchandise, on voit bien que l’industrie maritime est forcément en sous capacité. La précipitation et le besoin de rapatrier très vite entretiennent une sorte de bulle des prix très élevée dans le secteur maritime ». Le Français CMA-CGM, troisième compagnie maritime mondiale, a décidé de bloquer ses tarifs pour certains contrats afin de fidéliser ses clients mais à des niveaux très hauts dénoncent les distributeurs. La Fédération des commerces spécialistes des jouets et des produits de l’enfant ainsi que Michel-Edouard Leclerc patron des centres Leclerc demandent la création d’une mission parlementaire d’information pour se pencher sur l’inflation record de ces coûts de transports. Ils trouvent les tarifs démesurés et souhaitent que l’on vérifie s’il n’y a pas d’abus et d’entente entre les armateurs.
Emilie Valès
Retrouvez le reportage d’Emilie Valès :