Coronavirus : Airbus et Boeing doivent-ils craindre des annulations de commandes d’avions ?

Les esprits s’échauffent dans le secteur aérien. Les compagnies, durement affectées par l’épidémie de coronavirus, veulent retrouver de la trésorerie. Boeing vient déjà d’essuyer une annulation de commande de 737. Airbus pourrait suivre…

EastJet n’aura plus de cash en août, sauf si elle renonce à sa commande de 107 Airbus A320

230 milliards d’euros. Ce sont les pertes de chiffre d’affaires estimées pour toutes les compagnies aériennes en 2020. Le secteur traverse la crise la plus grave de son histoire ; une crise systémique.
Et le ton monte entre Stelios Haji-Ioannou, le fondateur d’EasyJet et la direction de la compagnie britannique. Il lui demande d’annuler des commandes en cours auprès d’Airbus. EasyJet doit encore recevoir 107 A320, pour une facture de 4,5 milliards de livres.

 

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Il est vrai qu’en ces temps d’épidémie, on se dit que la compagnie ne saurait pas quoi faire de ces avions ; toute sa flotte étant déjà clouée au sol. Mais l’enjeu est ailleurs. Si la commande est annulée, Stelios Haji-Ioannou estime qu’EasyJet, dont il détient 12 % du capital, pourra se passer de l’aide du gouvernement britannique. Dans le cas contraire, il estime que la compagnie n’aura plus d’argent au mois d’août.

 

Un loueur d’avions a déjà annulé sa livraison de 75 Boeing 737 prévue en 2023

Mais la direction ne veut rien entendre. Pour elle, cette commande est stratégique car elle vise d’abord à moderniser sa flotte. Du côté d’Airbus, on suit cette affaire avec beaucoup d’intérêts. Sans doute du côté de Boeing aussi, car cette affaire est symptomatique des débats qui agitent les dirigeants des compagnies aériennes, lourdement pénalisées par la pandémie : faut-il annuler, réduire ou reporter les commandes d’appareils ? Au risque de perdre les avances déjà versées…

 

 

Pour l’instant, les avionneurs disposent de carnets de commandes bien remplis par des années de croissance économique. Mais des discussions ont lieu avec les compagnies clientes et notamment les loueurs d’avions, qui ont porté le marché ces dernières années. L’un d’eux a d’ailleurs annulé une commande de 75 Boeing 737 livrables d’ici à 2023.

 

Boeing ferme des sites de production, Airbus pourrait réduire les cadences

Airbus et Boeing ne sont donc pas à l’abri de voir des annulations pures et simples se multiplier dans les prochains mois, en fonction de la reprise des vols. D’autant que les faillites de compagnies semblent inévitables. Le directeur de l’Association internationale du transport aérien, Alexandre de Juniac, a prévenu : « Je ne connais personne qui soit prêt à prendre des avions supplémentaires dans les prochains mois, neufs ou d’occasion ».

 

 

Alors, faudra-t-il ou pas réduire les cadences de production, voire les stopper dans certains cas ? Boeing a déjà fermé plusieurs de ses sites, pour une durée non-précisée. Airbus pour l’instant botte en touche, mais laisse la porte ouverte à une baisse des cadences pour certains programmes. A quel rythme ? On ne sait pas… mais une chose est sûre, beaucoup de compagnies ont déjà du mal à trouver un lieu de stockage pour leurs avions qui ne volent pas… faute de passagers.

 

Pierrick Fay