Le champagne a vécu une très belle année 2021. Les chiffres qui concernent la plus célèbre des boissons alcoolisées gazeuses viennent de tomber et ils sont excellents.
Les expéditions totales du champagne ont bondi de 32%
L’an dernier on a beaucoup parlé de la crise sanitaire, des frontières fermées et de la Russie qui s’attaquait à l’appellation Champagne. On aurait mieux fait de voir la bouteille à moitié pleine plutôt qu’à moitié vide. En 2021, le champagne a tourné la page de l’année noire du Covid de 2020. Les expéditions totales du célèbre vin effervescent ont bondi de 32% après une chute de 18% en 2020. Ce qui vaut aux Champenois d’enregistrer une hausse de l’ensemble de leur activité de 8,2 % par rapport à 2019, avant la crise sanitaire.
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C’est un record en valeur mais pas en volume. En nombre de bouteilles, on a atteint les 322 millions. C’est beaucoup mais on avait fait mieux en 2007. Avant que la bulle financière n’éclate en 2008, les Moët, Veuve Clicquot, Laurent-Perrier et autres enchaînaient les ventes records à l’échelle mondiale et avaient écoulé presque 340 millions de bouteilles. On reste en dessous de ce record en volume, mais en valeur le chiffre d’affaires des maisons champenoises va sans doute dépasser les 5, 5 milliards d’euros. C’est un record parce que le prix ne baisse jamais dans le champagne. L’an dernier, les consommateurs ont moins acheté de magnums dans les boîtes de nuit mais ils se sont offerts plus de grandes cuvées à la maison. On est monté en gamme en particulier en France où la demande a quand même rebondi de 25% à 142 millions de bouteilles.
Ruinart et Roederer misent sur le bio et sur l’agro-forestation
Tout va bien pour le champagne mais dans les affaires il ne faut jamais s’endormir sur ses lauriers. Le cava et le prosecco ne font pas d’ombre au champagne en valeur mais sont des rivaux en volume. Le spritz peut faire mal et il ne faut pas négliger ce concurrent. Il ne faut pas non plus tout miser sur les volumes car il faut préserver la valeur. Et pour cela, il faut sans doute faire attention aux aspirations de la société. Certains grands comme Roederer misent sur le bio, une petite maison comme Telmont fait aussi ce pari. D’autres grandes maisons comme Ruinart cherchent une troisième voie en allant sur l’agro-forestation ou la biodiversité. Il faut consommer le champagne comme tous les alcools c’est-à-dire avec modération mais il faut aussi que le champagne prouve qu’il peut être éthique et responsable. C’est une question d’image et pour le champagne, l’image est un actif stratégique. Pour rester à part, pour rester incontournable, pour rester la boisson des grandes occasions par excellence mais pour aussi élargir la demande sans se banaliser, le champagne doit trouver l’équilibre parfait.
David Barroux