Avion à hydrogène : l’Europe veut accélérer le projet en misant sur des partenariats public-privé

©Airbus

Thierry Breton, le Commissaire européen en charge de l’Industrie vient de le dire, l’Europe va mettre de l’argent sur la table pour favoriser des partenariats entre le public et le privé pour favoriser le décollage de l’avion à hydrogène. Il aura pour l’environnement un énorme avantage, il sera zéro émission, c’est-à-dire qu’il n’émettra pas de CO2 en brûlant du kérozène. C’est donc crucial dans notre stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Et la Commission est très ambitieuse puisque l’objectif est de diviser par deux les émissions du transport aérien d’ici 2030.

Le transport aérien ne contribue qu’à hauteur de 2 ou 3% aux émissions de gaz à effet de serre

Techniquement, on sait qu’on aura d’ici une dizaine d’années de vraies solutions. Airbus pense pouvoir faire voler un moyen-courrier à l’hydrogène d’ici 2035. La technologie sera maîtrisée, il n’y a presque rien à changer niveau moteur, mais il y a deux problèmes majeurs à régler. Le premier est physique, pour faire voler un avion, il faut beaucoup d’hydrogène. Et si vous transportez beaucoup d’hydrogène, vous avez moins de place pour les passagers. On sait qu’il faut repenser totalement les avions et inventer par exemple des ailes gigantesques qui puissent faire réservoir car il faudra des réservoirs quatre fois plus grands, très hermétiques et capables de conserver de l’hydrogène à -253 degrés.

 

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Le deuxième problème est économique. Si l’avion à hydrogène rend uniquement le transport aérien inabordable, ça ne sert à rien. Si plus personne ne peut voler à cause du coût, on peut juste augmenter les billets à coups de taxes et on réduira le nombre de vols et donc la pollution. Le transport aérien ne contribue qu’à hauteur de 2 ou 3% aux émissions de gaz à effet de serre. C’est beaucoup mais ça n’est pas énorme.

 

Le trafic aérien mondial a tendance à doubler tous les 15 ans

Mais le transport aérien est un secteur en forte croissance hors période de Covid. On estime que le trafic mondial a tendance à doubler tous les 15 ans. En plus, il y a déjà un mouvement anti-avion qui essaye de nous inciter à ne plus voler en disant que c’est souvent le symbole d’une société de consommation déraisonnée. Si le transport aérien n’agit pas, il va subir une forme de bashing. On voit déjà monter la pression pour interdire les vols court-courrier. Il faut donc trouver des solutions et l’aérien n’est pas audible quand les avionneurs disent qu’ils réduisent déjà la consommation de 20% à chaque nouvelle génération de moteur. L’hydrogène est donc une piste intéressante, mais il faut être réaliste. Ca sera peut-être d’ici 15-20 ans une solution pour les moyen-courrier à un prix encore inconnu. Mais ça ne fonctionnera sans doute pas pour des vols long-courrier car il faudrait transporter trop d’hydrogène.

David Barroux

 

 

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