Syndicat et patronat viennent de conclure un accord pour encadrer le télétravail. Cet accord est important, parce qu’à la faveur de la crise sanitaire du coronavirus, les employeurs ont commencé à changer de vision sur le télétravail.
Le télétravail à distance permet à l’entreprise de faire des économies
Il faut être honnête, historiquement, les dirigeants préféraient avoir les salariés sous la main. Ils avaient peur que ceux qui restent chez eux en profitent pour travailler moins. Qu’ils soient moins productifs, qu’ils obéissent moins et que cela nuise à la bonne marche de l’entreprise. Ce que le confinement a montré c’est qu’avec les outils digitaux, les cols blancs peuvent pratiquer le télétravail à haute dose. Ca marche. Maintenant il faut l’encadrer. Il faut fixer des règles mais il ne faut pas idéaliser le télétravail.
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Si les employeurs apprécient aujourd’hui le télétravail c’est parce qu’avec le digital on peut surveiller et encadrer à distance mais surtout on est dans une période de recherche d’économies. Si les salariés viennent moins au bureau cela veut dire que l’on va pouvoir rendre des mètres carrés. C’est une vraie source d’économie pour les sièges.
Facebook a voulu baisser les salaires des employés en télétravail vivant dans des régions où le logement coûte moins cher
Le risque c’est aussi que le télétravail soit perçu en période de crise économique comme une concession accordée par des managers qui ne peuvent pas accorder d’augmentation. C’est un geste qui ne coûte pas trop cher, qui fait plaisir au salarié qui va perdre moins de temps dans les transports. Mais cela fragilise aussi le salarié. On l’a vu aux Etats-Unis, Facebook a déjà dit : « Vous pouvez travailler de chez vous. Mais si vous déménagez dans une région où le logement coûte moins cher, je baisse votre salaire ». On peut avoir dans quelques années le même réflexe dans d’autres entreprises.
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On pourrait même dire, « allez vous installer dans un pays où les charges sociales sont plus faibles ». Avec le télétravail à haute dose on risque de casser le lien au sein de l’entreprise mais aussi entre l’entreprise et ses salariés. C’est plus facile de virer quelqu’un qu’on ne voit pas que quelqu’un qu’on croise tous les jours. Le salarié à distance devra peut-être aussi en faire plus pour que son travail se voit. Le télétravail c’est une avancée mais il faut des règles et éviter les excès.
David Barroux