Le Banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs de Mathias Énard , paru à l’automne chez Actes Sud mais toujours exposé dans les librairies dignes de ce nom, est mon choix de cette semaine.
En immersion dans la profonde campagne des Deux-Sèvres
Imaginez le village de La Pierre Saint-Christophe, dans les Deux-Sèvres, en lisière du marais … un trou dans la campagne remembrée, dont la seule et unique animation est constituée du café-épicerie-pêche tenu par le fort peu ragoûtant Thomas. Pour David Mazon, l’endroit est parfait. Parfait pour l’étude ethnologique qu’il entend consacrer à « la vie campagnarde au XXIe siècle ».
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David Mazon loue donc une chambre à la ferme pour un an et s’achète une mobylette. Il se lance à l’assaut de ce monde étrange et des derniers habitants qui le peuplent : Paco et ses amis joueurs de belote, Max l’artiste maudit, Lynn la plantureuse coiffeuse à domicile, Arnaud le simplet mécanicien, Lucie la maraîchère écologiste, l’inévitable couple de retraités anglais, Mathilde la fermière finaude et Martial, maire et fossoyeur de son état. S’ajoute à cela des dizaines d’autres, qui ne sont plus mais qui ont été, renvoyés dans « la roue du temps » à l’heure de leur trépas et réincarnés en personnages plus ou moins célèbres ou en simple sangliers chercheurs de glands.
Mathias Enard, Goncourt 2015, signe un roman drôle et macabre
Pour écrire une histoire pareille sans lasser – sur plus de 400 pages s’il vous plaît ! – il fallait une pointure de la littérature. Il fallait Mathias Énard, qui nous offre ici l’un des romans les plus originaux et brillants de l’année.
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C’est d’une folle inventivité, d’une drôlerie mordante, d’une langue inouïe et d’une culture abyssale. Seul bémol : les longueurs du chapitre Le banquet annuel de la confrérie des fossoyeurs qui donne son titre au roman. Pour le reste, il n’y a rien à jeter du dernier roman de Mathias Énard .
Bernard Poirette