En attendant Eden : Elliot Ackerman nous pulvérise le coeur !

Découvrez notre nouvelle chronique « C’est à lire », consacrée aux polars et diffusée chaque vendredi à 8h57 dans la matinale. Je vous recommande cette semaine de vous plonger dans le livre de l’Américain Eliot Ackerman : « En attendant Eden », édité chez Gallmeister.

Eliot Ackerman, écrivain et journaliste, a appartenu aux Forces Spéciales américaines

« Cette nuit-là, dans la vallée du Hamrin, j’étais assis à côté d’Eden et j’eus plus de chance que lui lorsque notre Humvee roula sur une mine, nous tuant moi et tous les autres, le laissant, lui, tout juste survivant. Depuis lors, je continue à traîner dans les parages, je suis seulement de l’autre côté, je vois tout et j’attends ». C’est donc un mort qui parle et qui va nous raconter comment, une fois hospitalisé en Californie, Eden, amputé, aveugle, muet et atrocement brûlé va vivre son calvaire, bercé de souvenirs et assailli de peurs, jusqu’à envoyer des messages en claquant des dents : END, END, FIN, FIN. C’est ce qu’il réclame. La délivrance par la mort volontaire, l’injection miraculeuse, qui apaise et réconforte. Mais personne ne comprend le message et sûrement pas Mary, la femme du soldat martyr. Et même si elle l’entendait, elle ne signerait pas la décharge ; le bout de papier qui autorise les médecins à pousser le piston de la seringue.

 

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Pourquoi s’obstine t-elle, Mary, alors que son homme n’en est plus un, alors que sa fille n’a que trois ans, alors qu’elle est jeune et belle et qu’elle a, comme on dit, toute la vie devant elle ? Réponse dans un prodigieux roman américain paru voici un an et que, à ma grande honte, je n’ai lu que tout récemment. Je l’avais mis de côté et oublié. Quelle erreur ! Ça s’appelle « En attendant Eden » et c’est un choc littéraire à l’état pur. Elliot Ackerman a écrit cette merveille. Il est journaliste, ancien des forces spéciales. Cinq missions en Irak et en Afghanistan. Trois décorations, dont l’inestimable Silver star. Il a donc été combattant de première ligne, pour un temps. Et sera pour toujours un grand écrivain, capable de nous pulvériser le cœur avec un roman de seulement 150 pages.

Bernard Poirette

 

« En attendant Eden », d’Elliot Ackerman, est paru aux éditions Gallmeister, 20 euros.

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