« L’étude du latin et du grec ancien est indispensable à la formation de nos élèves pour en faire des citoyens éveillés, raisonnés et cultivés ! », c’est le SOS lancé hier aux candidats à la présidentielle par l’association Arrête ton char qui promeut les langues et cultures de l’antiquité.
Les nouvelles recrues ne suffisent plus pour combler les départs à la retraite
Aujourd’hui, au collège, moins de 20% des élèves choisissent de suivre ces matières et ils sont à peine 4% au lycée. Si mi-novembre, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a annoncé des mesures pour renforcer les enseignements du latin et du grec (le latin sera désormais proposé en première et en terminale technologique, l’option français et culture antique ouverte cette année aux 6e de 300 collèges sera étendue) cela ne suffit pas à rassurer les professeurs de lettres classiques confrontés à une réduction du nombre d’enseignants et d’heures de cours. Ils tirent la sonnette d’alarme. Depuis 2 ans Raphaël est latiniste, s’il s’est laissé convaincre par ses parents, pour l’élève de 3e c’est plutôt une contrainte : « j’ai cours le matin tôt ou alors le soir tard. L’année dernière j’avais des heures de permanence avant et ça n’était pas pratique, je ne sais pas si je vais continuer ». Inciter les élèves à poursuivre au lycée est un enjeu pour les professeurs. D’autant plus que depuis 2016, il n’y a plus de quota d’heures réservé aux langues anciennes au niveau national. Dans un collège près de Bordeaux, Cécile Diener, enseignante de grec et de latin, a perdu environ 1/3 de ses heures : « c’est très frustrant car les programmes n’ont quasiment pas changé, on aimerait bien suivre le goût des élèves mais on n’a pas le temps ».
A lire aussi
L’autre difficulté est la réforme du lycée qui met en concurrence les options estime Robert Delord, enseignant et président de l’association Arrête ton char : « il est difficile lorsque vous avez un enseignement que vous suivez depuis la 5e, de rivaliser avec une option qui vous rapporte le même nombre de points au baccalauréat et que vous n’aurez suivi que 1 ou 2 ans ». Le vivier d’enseignants est aussi problématique. Selon Robert Delord les réformes ont exacerbé les difficultés de recrutement : « les candidats vont se diriger plutôt vers le CAPES de lettres modernes qui est plus simple car il y a une épreuve de moins et ils savent que de toute façon, tous les établissements ne proposent pas d’enseigner de langues anciennes ». En 2017 un rapport alertait déjà : les nouvelles recrues ne suffisent plus pour combler les départs à la retraite.
Elodie Vilfrite
Ecoutez le reportage d’Elodie Vilfrite :