Telemann est l’un des compositeurs les plus productifs avec près de 6000 œuvres. Contemporain de la fabuleuse génération de Bach, Haendel ou Rameau, il incarne avec eux la musique baroque de la première moitié du XVIIIème siècle. Sa carrière en Allemagne fut la plus brillante de son époque, cumulant des postes prestigieux et des rémunérations à rendre jaloux ses collègues et amis !
Telemann en 10 dates :
- 1681 : Naissance à Magdebourg
- 1701 : Étudiant à l’Université de Leipzig
- 1706 : Premier violon et cantor à Eisenach
- 1712 : Directeur de la musique de Francfort
- 1716 : Brockes Passion (création à Francfort)
- 1721 : Directeur de la musique de Hambourg
- 1733 : Tafelmusik (publication)
- 1738 : Quatuors parisiens (publication)
- 1760 : La Résurrection (création)
- 1767 : Mort à Hambourg
Ses dons pour la musique contrarient ses parents, qui tentent de le détourner de sa vocation
Son père pasteur et sa mère cherchent à le dissuader de son goût pour la musique. En vain. Il apprend vite à jouer de tous les instruments dans les différentes écoles qu’il fréquente. Et commence même à composer dès l’âge de douze ans. Il va au lycée d’Hildesheim puis étudie le droit à l’Université de Leipzig, tout en organisant des concerts avec le Collegium Musicum. D’abord créé par Telemann avec un groupe d’étudiants, cet ensemble sera plus tard dirigé par Jean-Sébastien Bach. Il quitte bientôt Leipzig pour Eisenach, où il prend le poste de premier violon et de cantor. Cette charge l’oblige à composer régulièrement des cantates pour les offices religieux. Bach, alors en poste à Arnstadt puis Mühlhausen et Weimar, devient son ami et en fera le parrain de son fils Carl Philipp Emanuel, lui aussi musicien.
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Telemann écrit une Brockes Passion, à l’instar de Keiser et Haendel
Au début du XVIIIème siècle, Barthold Brockes écrit un livret sur la Passion du Christ. De nombreux compositeurs l’utilisent par la suite, dont Keiser et Haendel. Telemann n’est pas en reste et compose sur ce livret très théâtral sa première Passion créée à Francfort, où il est directeur de la musique, en avril 1716. Une quarantaine suivront !
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Directeur de la musique de Hambourg, Telemann encourage aussi la pratique amateur
En 1721, il est nommé à Hambourg où il restera jusqu’à sa mort. Des les premières années, il crée des opéras comiques, La patience de Socrate, puis Pimpinone pour servir d’intermède entre les actes du très sérieux Tamerlan de Haendel. C’est un grand succès repris de nombreuses fois les années suivantes. Réputé pour sa rapidité d’écriture, il compose aussi de la musique sacrée et instrumentale en quantité quasi-industrielle !
Chaconne (Ensemble Nevermind)
En 1726 il fonde la première revue musicale allemande, « Le Maître de musique fidèle », incluant des partitions destinées aux amateurs. Son intérêt pour la pratique amateur l’a toujours guidé, ainsi que son attention portée à l’édition. C’est ce qui le différencie alors de ses collègues compositeurs, et lui vaut une notoriété bien supérieure. Sa Musique de table publiée en 1733 est plébiscitée par les musiciens amateurs mais aussi professionnels !
Telemann séjourne à Paris, l’un de ses rares voyage hors d’Allemagne
En 1737 il part à Paris, qui l’accueille avec enthousiasme et lui permet de signer des contrats avantageux pour l’édition de ses œuvres. Ses Quatuors sont ainsi publiés, dont les six Quatuors parisiens, qui font la part belle à la flûte traversière et lui valent un franc succès.
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De retour à Hambourg, il ralentit ses activités. Ce n’est qu’à la fin de sa vie qu’il retrouve l’inspiration et se remet à composer des œuvres religieuses, notamment l’oratorio La Résurrection et l’Ascension de Jésus, et une dernière cantate Ino sur un texte du poète allemand Ramler inspiré des Métamorphoses d’Ovide. Il meurt en 1767 à l’âge respectable de 86 ans. Son filleul C.P.E. Bach le remplace à son poste de directeur de la musique de Hambourg.
Sa postérité est moins glorieuse que celle de ses contemporains
Considéré à son époque comme le plus grand musicien allemand, Telemann a perdu ce statut après sa mort, jusqu’à tomber dans l’oubli pendant plus d’un siècle. Réhabilité aujourd’hui, il continue de souffrir de la comparaison avec ses amis Bach et Haendel. Néanmoins certaines de ses œuvres remontent à la surface et donnent lieu à de brillantes interprétations, comme Brockes Passion par René Jacobs ou Raphaël Pichon, le Concerto en sol pour alto souvent repris ces dernières années, les Sonates pour divers instruments, ou la dernière cantate Ino chantée par de grandes sopranos comme Barbara Schlick ou Danielle de Nise. Mais dans le foisonnement d’une telle production, il reste à remettre un peu d’ordre et de lisibilité pour aider les amateurs, si choyés par Telemann, à s’y retrouver.
Philippe Hussenot