Daniil Trifonov révèle tout l’éclat et la rutilance de la musique russe du début du XXe siècle

En intitulant son nouvel album Silver Age (Age d’argent), Daniil Trifonov entend évoquer une époque où les compositeurs, poètes, artistes, dramaturges et vedettes russes comptaient parmi les plus originaux.

Le choix musical de Daniil Trifonov, d’un grand intérêt historique, reflète la variété inventive de ce moment culturel bref mais explosif.

Pour illustrer l’audace et l’éclat artistique d’une époque charnière de l’histoire de la Russie, le focus a été mis sur trois figures incontournables, même si la majeure partie du copieux programme proposé est le fruit de deux compositeurs (Prokofiev et Stravinsky) dont la modernité a vu le jour hors de leur patrie natale : le très chopinien Concerto pour piano et orchestre en fa dièse mineur de Scriabine, le redoutable Concerto pour piano n° 2 en sol mineur de Prokofiev et les non moins virtuoses Trois mouvements de Pétrouchka de Stravinsky.

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La liste des morceaux comprend également la Sérénade et des extraits de la version pour piano de L’Oiseau de feu de Stravinsky, ainsi que les Sarcasmes de Prokofiev, la Sonate pour piano n° 8 en si bémol majeur… sans oublier la Gavotte de Cendrillon.

 

Martha Argerich à propos de Daniil Trifonov : « je n’ai jamais rien entendu de pareil »

On peut faire confiance au flair de Martha Argerich pour déceler les nouveaux talents. Celle qui démissionna en 1980 du jury du Concours Frédéric Chopin de Varsovie parce qu’il élimina Ivo Pogorelich au deuxième tour ne manque pas d’encenser aujourd’hui Daniil Trifonov : « Ce qu’il fait avec ses mains, techniquement, est incroyable. Son toucher aussi – il a une tendresse mais également l’élément démoniaque. Je n’ai jamais rien entendu de pareil ».

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A vingt-neuf ans, le pianiste russe signe ici un nouveau jalon en qualité de soliste et de concertiste sous étiquette Deutche Grammophon, label pour lequel il enregistre en exclusivité. L’on retrouve ici son jeu expressif de feu et d’acier dans les pièces en solo enregistrées à la Princeton University (New Jersey) comme dans les deux concertos que dirige un Valery Gergiev très inspiré à la tête de son Orchestre du Mariinsky de Saint-Pétersbourg. Soulignons notamment la spectaculaire cadence du Deuxième Concerto de Prokofiev, occupant à elle seule près de la moitié du Premier mouvement !

« Silver Age » (Scriabine, Prokofiev, Stravinsky). Daniil Trifonov (piano). Orchestre Mariinski, dir. Valery Gergiev (2 CD Deutsche Grammophon)

Jérémie Bigorie

Décernés chaque semaine, les Trophées Radio Classique priment un nouvel album, mis à l’honneur notamment dans l’émission « Tous Classiques » de Christian Morin.

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