Qui est Adélaïde Ferrière, star de la percussion classique ?

La percussionniste Adélaïde Ferrière a reçu en 2017 la Victoire de la musique classique dans la catégorie révélation soliste instrumental. Un coup de projecteur sur la discipline, déjà popularisée en Autriche et en Allemagne par le « phénomène » Martin Grubinger. Tous deux âgés d’une trentaine d’années, ils maîtrisent toutes les facettes de leur art, qui exige des qualités physiques telles, que l’un des deux devrait même bientôt prendre sa retraite.

Des concerts sans costume, mais en polo noir

C’est une discipline généralement négligée des mélomanes et qui compte peu de têtes connues du grand public. La percussion classique souffre d’un manque d’incarnation, qui pourrait rapidement se combler grâce à deux figures talentueuses et médiatiques. L’autrichien Martin Grubinger, 36 ans, et la Française Adélaïde Ferrière incarnent tous deux la relève ; une nouvelle génération qui doit son succès à son talent mais aussi au travail de promotion réalisé par les instrumentistes de percussion classique ces dernières années.

 

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Véritable star, rameutant les foules dans les salles de concerts d’Allemagne et d’Autriche où il se produit régulièrement, Martin Grubinger ne se contente pas de battre la mesure mais parvient à occuper le centre de la scène. C’est lui, le percussionniste, qui se fait accompagné par plusieurs dizaines d’autres musiciens désormais, au cours de concerts qui s’apparentent parfois plus à des shows, à la mise en scène travaillée autour de sa personne. Nul nœud papillon et autre queue de pie dans son bagage lorsqu’il se rend en représentation. 

 

 

C’est vêtu d’un confortable haut noir qu’il manie ses baguettes et passe d’un instrument à un autre, d’un marimba au xylophone, d’un tambour au tam-tam… Il explore et exploite toutes formes de sonorités et peut par exemple agrémenter ses compositions de vibrations de billes ou de grains de sable déversés dans des tubes de métal.

 

Martin Grubginger est marié à la pianiste Ferzan Önder, de 17 ans sa cadette

Né à Salzbourg d’un père musicien, deux points communs qu’il partage avec Wolfgang Amadeus Mozart, il baigne dans les percussions depuis l’âge de 3 ans. Il refuse pourtant toute comparaison avec le compositeur de la Flûte enchantée. « Pour tout musicien, la simple idée d’être comparé à Mozart est simplement embarrassante », confiait-il en 2016 au journal viennois Kurier. En 2006, il réalise le coup d’éclat de sa carrière en performant 4 heures durant, au Musikverein de Vienne, au cours d’un concert solo qui avait, au départ, laissé la critique incrédule. Il s’y était pourtant préparé durant neuf mois, autant mentalement que physiquement.

 

 

Car ses prouesses réclament une hygiène de vie et une santé de fer, tant elles peuvent être éprouvantes pour le corps. L’homme, marié à la pianiste Ferzan Önder de 17 ans sa cadette, prévoit d’ailleurs de prendre sa retraite à la quarantaine, conscient de ne pas pouvoir assumer plus longtemps un tel rythme de jeu. Aucun de ses prochains concerts n’est programmé en France mais il se produira à la Philharmonie de Cologne le 7 avril 2020.

 

Adélaïde Ferrière a remporté la première Victoire de la musique en 2017

Adélaïde Ferrière, jeune percussionniste française, joue elle dans un registre plus éloigné de la performance. Issue d’une formation classique du Conservatoire de Dijon, elle est à la fois pianiste et percussionniste. Révélation Soliste instrumentale des Victoires de la musique classique en 2017, elle présentera son 1er disque sous son nom, Contemporary (Évidence Classics) au Bastille Design Center le 10 mars prochain. « Les Victoires de la musique classique ont été importante, car ce furent à la fois une reconnaissance de l’instrument, nommé pour la première fois, et une découverte de la part du public et des programmateurs. Cela a été un véritable tremplin », confie-t-elle.

 

 

Si elle s’exerce sur plusieurs type d’idiophones, c’est sur le marimba, dont elle apprécie particulièrement la sonorité, qu’elle a jeté son dévolu. Il lui permet de solliciter un répertoire de pièces contemporaines, de Bruno Mantovani, Philippe Hurel, Richard Rodney Bennett ou encore de Iannis Xenakis. Le xylophone africain lui offre aussi l’occasion d’adapter des œuvres originales, avec davantage de possibilités d’interprétation. « La percussion est aussi un instrument très scénique, très visuel. Pour moi qui ai beaucoup pratiqué la danse, cet aspect chorégraphique est important. »

 

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Un potentiel scénographique, qui lui a notamment permis d’être retenue pour un récent projet de la Comédie-Française, dans lequel elle accompagne de textures sonores les pièces Électre et Oreste d’Euripide, adaptées et mises en scène par Ivo van Hove. Elle se produira prochainement sur la scène de l’Opéra Garnier à Paris, du 15 juin au 14 juillet, pour la reprise de la pièce du chorégraphe suédois Alexander Ekman, Play.

 


 

Nicolas Gomont

 

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