Philippe Jaroussky entame un virage artistique important avec la mise en retrait de sa brillante carrière de chanteur lyrique pour privilégier celle de chef d’orchestre, un rôle qu’il occupera pour la première fois en public les 24 et 25 mai à Salzbourg puis à l’Opéra de Montpellier.
Philippe Jaroussky sur ses débuts en tant que chef d’orchestre : « curieusement ne pas émettre de sons ne m’a pas manqué une seule seconde »
La nouvelle période qui s’ouvre et la reprise des concerts en public amorce un tournant de la carrière du contre-ténor Philippe Jaroussky : « J’ai toujours considéré mon passage de chanteur comme un de mes différents états de musiciens, avant j’étais violoniste, pianiste, directeur artistique (…) mais je n’ai jamais encore dirigé physiquement les concerts ». L’oratorio Il Primo Omicidio d’Alessandro Scarlatti marque donc les débuts du musicien en tant que chef d’orchestre, une œuvre qu’il a déjà dirigée lors d’un concert en ligne et qu’il présentera de nouveau lors de deux représentations les 24 et 25 mai au festival de Salzbourg puis à l’Opéra de Montpellier : « je suis très heureux de sauver ces débuts de chefs sur scène, j’avais pu enregistrer cet oratorio à l’occasion d’une diffusion pour Mezzo mais je me réjouis de pouvoir le présenter à un véritable public en chair et en os ».
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Son nouveau rôle de chef d’orchestre impliquera pour Philippe Jaroussky l’abandon progressif de son rôle de chanteur et un nouveau rapport à la musique et à la création du son : « curieusement ne pas émettre de sons ne m’a pas manqué une seule seconde (…) je découvre une nouvelle façon de sculpter le son, c’est un plaisir d’indiquer une nuance ou un crescendo par un geste ». Nouveau rôle donc, mais aussi de nouvelles responsabilités et une autre façon d’aborder la pression du concert : « nous, chanteurs lyriques, avons beaucoup de pression et parfois des jours sans, c’est une autre forte de responsabilité chez un chef qui doit soutenir l’ensemble d’un spectacle (…) cela sera sûrement très intimidant d’entrer sur scène pour mon premier concert en public à Salzbourg, il y aura une émotion particulière ».
Philippe Jaroussky : « J’espère diriger toute la nouvelle génération de contre-ténors qui arrivent après moi »
Philippe Jaroussky n’a pas choisi un oratorio d’Alessandro Scarlatti par hasard, compositeur avec lequel il entretient une relation privilégiée : « un oratorio se défend plus facilement en concert qu’un opéra, mais il y a aussi un lien avec mon passé, car c’est avec un oratorio de Scarlatti que j’avais commencé ma carrière de contre-ténor ». Au-delà de l’aspect pratique et de son rapport à Scarlatti, Philippe Jaroussky voit avec cet œuvre l’occasion d’opérer une forme de transmission : « Je dirige trois contre-ténors, il y a un passage de relais (…) j’espère diriger sur ces prochaines années toute la nouvelle génération qui arrive après moi ».
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Philippe Jaroussky dirigera la saison prochaine sa première production scénique au Théâtre des Champs-Elysées à l’occasion de 6 représentations de Giulio Cesare in Egitto de Haendel : « c’est un opéra que je connais bien pour l’avoir beaucoup chanté dans le rôle de Sextus (…) Je pense que l’émotion de mon premier passage en fosse sera très particulière (…) c’est une chance incroyable de pouvoir construire une production d’opéra ». La prise d’envergure de sa carrière de chef d’orchestre n’arrêtera pas net sa brillante carrière de contre-ténor, et c’est sur cette même scène parisienne qu’il chantera accompagné de Julien Chauvin et de son ensemble Le Concert de la Loge en novembre 2021.
Rémi Monti