Mikis Theodorakis, compositeur de la musique de Zorba le Grec est mort à l’âge de 96 ans

Ancien résistant et opposant à la Dictature des colonels, Mikis Theodorakis était devenu célèbre en composant en 1964 la musique du film Zorba le Grec puis celle de Z en 1969. Plusieurs fois élu député et même nommé ministre dans les années 90, le compositeur grec s’est éteint chez lui à Athènes à l’âge de 96 ans.

Mikis Theodorakis a fait renaitre le « blues grec »

On a tous en tête le sirtaki envoutant dansé par Anthony Quinn et Alan Bates sur la plage de Stávros en Crète. Scène mythique de Zorba le Grec, le film réalisé par Michael Cacoyannis (3 Oscars et 7 Nominations en 1965) dont Mikis Thodorakis composa la bande-annonce et qui le fit connaître au monde entier. 5 ans plus tard c’est la bande-originale de Z de Costa Gavras (1 Oscar et 1 Golden Globe) qui lui offre la consécration alors qu’il est emprisonné par le régime des Colonels en raison de son opposition à la dictature.

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D’oratorios en symphonies, d’hymnes en opéras, Mikis Theodorakis s’est employé, par foi dans la culture populaire, à ouvrir au grand public la tradition classique et la poésie grecques. Il a aussi sorti du ghetto le rebetiko, le « blues grec », et ses instruments traditionnels, dont le bouzouki, héritage de la culture gréco-orientale d’Asie mineure, sur les côtes de l’actuelle Turquie.

Mikis Theodorakis, symbole de la résistance à la dictature de la junte militaire

Né le 29 juillet 1925 sur l’île de Chios, Mikis Theodorakis commence à composer à l’âge de 13 ans et rallie la résistance dès l’invasion nazie. Après avoir été emprisonné, déporté et torturé par le régime de droite à cause de son engagement auprès des communistes lors de la guerre civile (1946-1949), il part à Paris, étudier au Conservatoire en 1954. 10 ans plus tard, revenu en Grèce, le musicien est élu député de l’EDA du Pirée, le port athénien.

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Après le coup d’état militaire de 1967, il est à nouveau arrêté. Gracié un an plus tard, il dirige un mouvement clandestin et se retrouve assigné en résidence surveillée puis le régime des colonels le jettent en prison et interdit son œuvre. Mikis Theodorakis devient alors le symbole de la résistance à la dictature, mais la junte militaire au pouvoir est finalement contrainte de laisser partir, à Paris, sous pression de la communauté internationale.

Désigné ministre dans un gouvernement conservateur

A l’effondrement du régime des colonels en 1974, une immense foule accueille son géant (1m95) à son retour le 24 juillet à Athènes. Après avoir soutenu le président de droite Constantin Caramanlis qui orchestrera le rétablissement de la démocratie, il rallie en 1981 le parti communiste ultra-orthodoxe KKE, et est réélu député du Pirée. En 1990, nouveau revirement, déçu par le dirigeant socialiste Andréas Papandréou qu’il accuse de promouvoir le populisme, il adhère au parti conservateur de la Nouvelle-Démocratie au pouvoir qui lui attribue un ministère sans portefeuille. Une parenthèse vite refermée pour se retirer dans sa maison située au bas de l’Acropole, où il terminera sa vie.

Philippe Gault (avec AFP)

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