#Metoo : Camille et Julie Berthollet dénoncent le harcèlement sexuel dans le milieu de la musique classique

Camille et Julie Berthollet affirment avoir été victimes d’agressions sexuelles, et assurent que le phénomène est courant dans le milieu de la musique classique. Elles s’expriment dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Julie et Camille Berthollet comparent le milieu de la musique à celui du cinéma

La violoniste et violoncelliste Camille Berthollet et sa sœur Julie, violoniste, avaient déjà évoqué des comportements déplacés dans le milieu du classique en janvier dernier. Sur Canal Plus elles avaient déclaré : « La musique est un peu comme le cinéma. Il y a toujours des rapports de pouvoir, de force. Ce serait bien que ça change aussi. Il nous faudrait peut-être un hastag #Metoo ? Nous, c’est plutôt des chefs qui, parfois, profitent un peu trop et espèrent des choses impossibles (…) personne n’en parle jamais car il y a toujours cette peur du : « je vais ruiner ta carrière ». Alors que ce n’est pas vrai et qu’il faut s’exprimer ».

 

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S’exprimer, c’est ce que Camille et Julie Berthollet ont fait en février, de manière beaucoup plus explicite, dans une vidéo réalisée par Loopsider, un media d’information vidéo diffusé sur les réseaux sociaux. En quatre minutes, les 2 sœurs n’hésitent pas à donner des exemples d’agressions ou de harcèlement sexuels dont elles et certaines de leurs proches ont été victimes. Julie, violoniste, cite notamment un épisode très récent « une expérience de plus et probablement de trop avec un chef d’orchestre qui s’est permis d’avoir des gestes totalement déplacés, de venir nous renifler dans le cou pour dire: Ah mais c’est pour voir quelle odeur ont les rousses ! ».

 

« Avec certains profs, on savait qu’on devait faire attention et ne pas aller en cours toute seule »

Camille, violoncelliste et violoniste (gagnante de l’émission « Prodiges » en 2014), dit connaître des filles qui « sont allées coucher avec le prof et leurs parents étaient au courant. Et c’est ça que je trouve scandaleux, que des parents laissent faire des choses comme ça ». Et Julie d’ajouter « Des filles qui ont travaillé avec les mêmes profs que nous, qui étaient mineures ont dû coucher avec le prof. Avec certains, on savait qu’on devait faire attention et ne pas aller en cours toute seule ». Il y a aussi ces gestes, ces remarques déplacées que dénonce Julie Berthollet.

 

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« Quand on se prend des gestes déplacés ou une main qui traîne sur la jambe ou un regard super appuyé sur le décolleté ou des remarques très déplacées sur la manière dont on est habillée plutôt sur ce que l’on a joué, ça nous met très mal à l’aise, ça nous rend triste (…) on se sent presque sale. Si on s’habille court il y aura une remarque, si on s’habille long aussi il y aura une remarque. Même porter du vernis à ongles peut poser problème ». Les 2 sœurs ne citent aucun nom mais souhaitent, grâce à leur témoignage, briser un tabou qui, selon elles, pervertit le milieu feutré de la musique classique.

Philippe Gault

 

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