Le mouvement de grève qui touche l’Opéra National de Paris depuis début décembre contraint sa direction à mettre en place un plan d’économie drastique portant sur l’ensemble des dépenses de fonctionnement mais aussi d’investissement.
Près de 15 millions de pertes pour l’Opéra de Paris
« C’est une crise inédite que traverse notre maison, dans le contexte du projet gouvernemental de création d’un régime universel de retraites. Une atteinte grave aux intérêts de l’Opéra de Paris », c’est le constat sévère qu’a fait Stéphane Lissner, le directeur de l’institution, en s’adressant à l’ensemble du personnel. L’annulation de 70 représentations au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille, depuis le 5 décembre, a déjà coûté près de 15 millions d’euros et privé plus de 150 000 spectateurs de spectacles.
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Stéphane Lissner a donc annoncé une série de « décisions fermes » insistant, comme le rapporte le site Olyrix, sur le fait que « Tous les services doivent préparer un plan d’économies drastiques portant sur l’ensemble des dépenses de fonctionnement mais aussi d’investissement, compte tenu de l’impact de la situation sur notre fonds de roulement, à l’exception des dépenses qui résultent d’engagements contractuels ou qui sont liées à la sécurité ». Un plan d’économie entamé alors que les négociations sur la réforme des retraites n’avancent pas et que les représentations programmées continuent d’être annulées.
La représentation de l’opéra « Les Contes d'Hoffmann » de ce mardi 21 janvier est annulée. L’Opéra de Paris présente ses excuses au public.
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— Opéra de Paris (@operadeparis) January 21, 2020
Pénibilité et reconversions au cœur des négociations
Dans le cadre de la réforme des retraites, Stéphane Lissner se donne se donne pour objectif de créer un « nouveau statut du danseur » qui maintiendrait l’âge d’arrêt de l’activité (entre 40 et 42 ans), avec pour objectif une reconversion, par un accompagnement financier, une démarche de qualification et de professionnalisation. Comme éléments concrets, le Directeur cite le recours à des outils juridiques conçus pour les sportifs de haut niveau, ou encore le dispositif de congé de mobilité. Pour se faire, Stephane Lissner propose d’ « abonder un plan d’épargne salarial pour assurer aux danseurs une sécurité financière, de prendre en compte le temps de la formation dans leur activité au service du Ballet et, pourquoi pas, envisager à cette fin des recrutements ». Le directeur de l’Opéra de Paris propose également de travailler sur les modalités de fin de carrière pour inaptitude ainsi que sur la prise en compte de la pénibilité. Dans cet objectif, des négociations sont entamées pour mettre en place un dispositif spécifique à l’Opéra de Paris qui pourrait être alimenté par un relèvement du plafond des comptes épargne temps, ou par une sur-cotisation de l’employeur. Pour les personnels qui basculeront dans le régime universel, Stéphane Lissner propose « des conditions très progressives qui prendront en compte la durée d’exercice des personnels dans leur fonction à la date de transition, afin d’éviter un relèvement brutal de l’âge de départ à la retraite ». Les représentants des organisations syndicales majoritaires, contactés par Olyrix, expliquent qu’ils vont étudier et répondre aux propositions comme ils l’ont « toujours fait« , mais rappellent que, pour eux, cette communication est une nouvelle preuve que le gouvernement n’a absolument pas préparé cette réforme.
Philippe Gault