La soprano Christiane Eda-Pierre est morte à l’âge de 88 ans

Christiane Eda-Pierre fut l’une des grandes voix françaises du vingtième siècle et a chanté sur les plus grandes scènes du monde. La cantatrice, originaire de Martinique, est décédée dimanche dans sa maison des Deux-Sèvres.

Christiane Eda-Pierre a commencé par le piano

Née à Fort-de-France en Martinique le 24 mars 1932 dans une famille d’intellectuels (famille Nardal), Christiane Eda-Pierre arrive à 18 ans en métropole où elle suit des cours de piano à l’École Normale de Musique mais Charles Panzéra repère son talent vocal et la pousse à développer son timbre de soprano colorature. Ce qu’elle fera dès 1954 au Conservatoire National Supérieur de Musique, où elle travaille le chant avec le baryton Louis Noguera. La jeune soprano remporte plusieurs prix et sort du Conservatoire en 1957 avec 1er prix de chant, le premier prix d’opéra et le 1er prix d’opéra-comique.

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En 1958, Christiane Eda-Pierre fait ses débuts à l’Opéra de Nice dans Les Pêcheurs de perles de Bizet en interprétant le rôle de Leila aux côtés du grand baryton-basse Gabriel Bacquier, décédé en mai. L’année suivante, elle se distingue dans La Flûte enchantée de Mozart, dans le rôle de Papagena, au Festival d’Aix-en-Provence où elle retourne en 1965 mais pour interpréter cette fois-ci la Reine de la nuit. Rapidement, sa carrière se développe à Paris, à l’Opéra-Comique et au Palais Garnier mais également dans les plus grandes salles européennes (Londres, Vienne, Salzbourg) et internationales (Moscou, Chicago, New York).

 

Christiane Eda-Pierre dirigée par Patrice Chéreau

Très éclectique dans ses choix, Christiane Eda-Pierre aura abordé tous les répertoires du lyrique, opéra, opéra comique et baroque et tous les styles. Ainsi, en 1977, c’est dans Les Contes d’Hoffmann de Jacques Offenbach, mis en scène par Patrice Chéreau, qu’elle triomphe et, en 1983, on la retrouve au côté de José Van Dam pour la création de l’opéra contemporain Saint-François d’Assise d’Olivier Messiaen. La cantatrice termina sa carrière publique en 1986 à l’Opéra royal de Bruxelles avec Gérard Mortier.

Pour Nora Gubisch, la voix de Christiane Eda-Pierre était « comme une caresse sur le coeur »

Après son retrait de la scène, Christiane Eda-Pierre se concentra sur l’enseignement, pour des masterclasses puis à la Schola Cantorum de Paris et surtout au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris entre 1978 et 1997. Parmi ses élèves, Nora Gubisch, jointe par Jean-Michel Dhuez à qui elle confie que Christiane Eda-Pierre avait « un timbre indescriptible. Il y avait de la chaleur et du soleil dans sa voix qui était comme une caresse sur le coeur ». La mezzo-soprano ajoute qu’en tant que professeure, « elle transmettait une sécurité et une longévité vocale qui rassuraient et donnaient confiance à ses élèves pour leurs choix de répertoire. Elle était très généreuse et voulait le meilleur pour nous. Je conseille à tous ceux qui ne la connaissent pas d’écouter au plus vite ses enregistrements ».

Philippe Gault  

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