La danse et la musique au service de la santé

Séances de chant pour lutter contre la dépression postnatale, cours de danse pour les personnes atteintes de la maladie de Parkinson et activités physiques et musicales pour les patients ayant subi un AVC. Autant d’initiatives qui seront observées dans la plus grande étude jamais réalisée au monde sur l’impact des interventions artistiques sur la santé physique et mentale lancée la semaine dernière en Grande-Bretagne.

2 grandes universités londoniennes mobilisées

La fondation caritative Wellcome Trust a accordé une subvention de 2 millions de livres (2,31 millions €) au King’s College et à l’University College de Londres (toutes 2 classées parmi les 20 meilleures universités du monde) afin de réaliser cette étude qui permettra de mieux juger l’impact de certaines initiatives et d’en identifier de nouvelles à entreprendre dans le cadre du lien entre l’art et la santé. Les travaux seront dirigés par Carmine Pariante, professeure de psychiatrie biologique au King’s College de Londres, et par le Dr Daisy Fancourt, professeure associée de psychobiologie et d’épidémiologie à l’UCL, aux côtés d’une équipe multidisciplinaire composée d’artistes, de scientifiques et de cliniciens sélectionnés. Les 2 universités travailleront en lien direct avec des établissements médicaux britanniques et le National Health Service (NHS). « Notre objectif est d’apporter les preuves nécessaires afin que les interventions basées sur les arts soient intégrées aux voies de traitement du NHS. Proposer des alternatives efficaces aux thérapies traditionnelles tout en offrant de meilleurs résultats aux patients et en permettant au NHS de réaliser des économies de dépenses » précise le professeur Sir Robert Lechler, vice-président principal et vice-président exécutif (santé) du King’s College de Londres et directeur exécutif de King’s Health Partners.

 

Trois pathologies traitées en priorités  

Trois types d’interventions artistiques seront étudiées en priorité, destinées à des patients atteints de pathologies spécifiques :

Les mères souffrant de dépression postnatale (PND). Le programme pionnier « Melodies for Mums » de Breathe Arts Health Research rassemble de nouvelles mères, sélectionnées par des médecins généralistes, des sages-femmes et d’autres professionnels de santé, qui suivent des séances de chant et de musique avec leurs bébés. Des études déjà menées, notamment par des spécialistes du Royal College of Music (qui a formé et accueilli les plus grands musiciens anglais comme Sir Neville Marriner ou Sir David Collins) ont démontré l’efficacité de ce type de sessions dans la réduction des symptômes de la PND, plus rapidement que dans des groupes de soins traditionnels. Elles ont également permis d’y associer des mères appartenant à des minorités qui sont moins susceptibles de rechercher un soutien médical pour régler des problèmes psychologiques liés à la période post-partum .

Les patients atteints de maladie de Parkinson. Créé en 2010, le programme « Danse pour la maladie de Parkinson », en collaboration avec le Ballet national anglais (ENB), sera amélioré et testé à l’hôpital King’s College. Il doit permettre aux personnes atteintes de cette maladie neurologique chronique dégénérative de suivre des cours de ballet hebdomadaires, intégrant de la musique, de la danse, du rythme et du chant avec des danseurs et des musiciens. Il a été démontré que ce programme réduit l’isolement social, favorise le bien-être émotionnel et améliore la stabilité, la fluidité des mouvements et la posture dans les activités de la vie quotidienne.

Les patients victimes d’un AVC. Le projet « Stroke Odysseys », réalisé par l’organisme de bienfaisance Rosetta Life et initialement développé et financé par le King’s College de Londres ainsi que par la fondation Guy’s et St Thomas’ Charity, sera testé pour la première fois à grande échelle. Les patients victimes d’accidents vasculaires cérébraux sont invités à participer à des séances de 60 minutes consacrées au mouvement, à la musique, aux chants et aux paroles. Les recherches préliminaires montrent que ces séances apportent des améliorations au niveau cognitif, à la mobilité et aux troubles de la parole des patients, améliorant ainsi leur capacité d’action, leur bien-être et donc leur rétablissement après avoir subi un AVC.

 

Philippe Gault  

 

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