A Los Angeles, la musique classique pour chasser les SDF du métro assimilée à une « torture »

John Nacion/STAR MAX/IPx/AP/SIPA

Depuis le mois de janvier une station du métro de Los Angeles diffuse en boucle et à un haut niveau sonore de la musique classique pour éloigner les SDF. Certains assimilent ce procédé à de la torture.

Confrontée à une hausse de la criminalité, des actes d’incivilité, des décès par overdoses et à un afflux de SDF, la société de transports de Los Angeles L.A. Metro a décidé, au mois de janvier d’augmenter l’éclairage et de diffuser dans certaines stations de la musique classique dans le but d’éloigner les sans-abris et de réduire le nombre d’actes criminels.

Un dispositif qui se révèle efficace puisque, selon la compagnie, les appels au 911 ont baissé de 75%, le vandalisme de 50% et la criminalité de 20%. Mais cette méthode suscite de nombreuses critiques. C’est le cas d’une musicologue, sollicitée par le Los Angeles Times, qui s’est rendue dans la station Westlake/MacArthur Park.

 

La criminalité dans la station de métro de Westlake/MacArthur Park a baissé de 20% en 3 mois

Elle y a remarqué un niveau sonore de la musique très élevé (jusqu’à 90 décibels) et une diffusion en boucle des morceaux, dont certains de Beethoven, Mozart ou Vivaldi, pouvant être assimilés à de la torture. La journaliste du LA Times rappelant qu’on diffusait de la musique très fort pour faire craquer les détenus suspectés de terrorisme à Guantanamo dans les années 2000.

 

La musicologue interrogée par le LA Times insiste surtout sur la notion de discrimination sociale qu’induit ce genre de méthode, rappelant que certains commerces diffusent de la musique classique afin que les clients aient l’impression d’appartenir à une élite, ce qui les feraient dépenser plus, ou, comme l’enseigne 7-Eleven, pour décourager la flânerie de jeunes et de SDF autour de certains de ses établissements.

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Selon Lily E. Hirsch, ce genre de dispositif créé donc des hiérarchies sonores discriminantes en indiquant clairement qu’une zone appartient à certains groupes privilégiés et pas à d’autres personnes. Des considérations socio-éthiques qui n’ont pas l’air de déranger cette femme SDF, habituée de la station de métro, qui a déclaré au journal : « J’aime la musique classique. Ça ne m’empêchera pas d’y aller. Cela m’aidera même à rester ici plus longtemps ». 

Philippe Gault

 

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