Haendel : La Royal Academy of Music de Londres va-t-elle « décoloniser » la mémoire du compositeur ?

Un article du Telegraph créée la polémique Outre-Manche. Selon le quotidien britannique, la Royal Academy of Music de Londres, que Georg-Friedrich Haendel dirigea à sa création, souhaiterait supprimer un certain nombre de traces mémorielles du grand compositeur, qui aurait investi dans une compagnie de traite d’esclaves. Une accusation que l’institution réfute.

Georg-Friedrich Haendel a dirigé la Royal Academy of Music de 1719 à 1728

Georg-Friedrich Haendel aura marqué l’histoire de la Royal Academy of Music dont il assura la direction musicale à sa création, de 1719 et 1728. Mais trois siècles plus tard c’est le passé « colonialiste » du grand compositeur d’origine prussienne que le plus ancien conservatoire du Royaume-Uni met en cause. En 2015, en effet, un chercheur américain a révélé que Georg-Friedrich Haendel avait investi, dans la Royal Africa Company, un des principaux marchands d’esclaves au début du XVIIIe siècle.

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Selon l’édition dominicale du Telegraph, la Royal Academy of Music aurait ainsi décidé de réaménager une partie de sa collection, dont les éléments mémoriels liés au compositeur incriminé. Le quotidien indique par exemple que l’institution aurait l’intention de retirer des portraits et des sculptures représentant Haendel, des manuscrits dont certaines de ses partitions originales, mais aussi des instruments de l’époque (pianos, violons notamment) dont certains éléments ont été fabriqués avec de l’ivoire et de l’ébène importés d’Afrique.

 

La Royal Academy of Music déclare ne posséder aucun manuscrit original de Haendel

Dès le lendemain de la parution de cet article, la Royal Academy of Music a tenu à démentir certaines assertions publiées. Dans son communiqué, l’institution indique: « Il n’est pas prévu de se débarrasser des instruments des collections de l’Académie. Les examens que nous entreprendrons concernent uniquement le stockage des collections sur place et la façon dont nous interprétons les éléments de nos collections. Il n’est pas question d’exposer les instruments de musique en fonction de leur provenance ou de leurs associations » et précise « De plus, l’article du Telegraph indique que nous détenons une – vaste collection de manuscrits de Georg-Friedrich Handel – or nous ne possédons aucun manuscrit original du compositeur ».

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Néanmoins, la Royal Academy of Music confirme que, dans le cadre de la formation de ses élèves « Il est essentiel qu’ils comprennent les forces culturelles, politiques et socio-économiques qui ont façonné les traditions musicales, ainsi que les problèmes qui la façonnent dans le présent, comme la pandémie et les questions autour de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion. Ce qui passe, notamment, par la compréhension des contextes dans lesquels des figures emblématiques telles que Haendel et Mozart ont travaillé. Mais nous n’avons supprimé aucun compositeur de nos programmes ».

Philippe Gault

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