Daniel Barenboim : « la culture est à la traîne et les responsables politiques ne s’en rendent pas compte »

© Carlos Choin - Wikimedia Commons

Lors d’une conférence de presse donnée à la Scala de Milan où il faisait son retour, Daniel Barenboim a déploré le manque d’intérêt accordé par le monde politique à la culture. Selon le pianiste et chef d’orchestre, la culture « est restée à la traîne » dans une société où prévaut la recherche de progrès technologiques.

Le concert que devait diriger Daniel Barenboim est annulé à cause d’une suspicion de cas de Covid dans son orchestre

Mercredi 3 novembre au soir,  Daniel Barenboim, 78 ans, aurait dû célébrer son retour à la Scala, dont il fut le directeur musical de 2005 à 2014. Mais le concert a été annulé à la dernière minute en raison d’un cas de suspicion de Covid-19 au sein de la Staatskapelle de Berlin qu’il dirige depuis 30 ans. L’orchestre berlinois et le maestro devaient interpréter mercredi et jeudi l’intégrale des symphonies de Johannes Brahms. Daniel Barenboim se produira finalement en soliste au piano ce jeudi pour jouer les trois dernières sonates de Ludwig van Beethoven.

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Après avoir déclaré combien il était ému de son retour à Milan, dont il n’a gardé « que des souvenirs heureux »,  le chef d’orchestre israélo-argentin a profité de la conférence de presse organisée au Teatro alla Scala pour livrer ses impressions sur la manière dont évolue la culture dans nos sociétés. Selon lui, « nous vivons dans une ère de grands progrès technologiques, d’intelligence artificielle, tout ça est très positif, mais la culture est restée à la traîne et les hommes politiques ne s’en rendent pas compte ».

Daniel Barenboim souhaite une réflexion sur l’avenir de la musique à la sortie de la crise sanitaire

Réitérant les propos qu’il avait tenus lors d’un entretien exclusif avec Laure Mézan en avril dernier à Aix-en-Provence, Daniel Barenboim a de nouveau dénoncé le manque d’engament du monde politique : « quand on parle de culture, on parle de combien d’euros tel ou tel gouvernement donne à un orchestre symphonique ou un projet. Les gens ne s’intéressent pas à la culture, ils pensent qu’elle est réservée à une élite, ils n’ont jamais compris son importance » s’agace-t-il.

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Le maestro israélo-argentin s’est dit « convaincu qu’il y a un manque d’éducation musicale dans le monde » et propose d’entamer, après la pandémie de coronavirus, « une réflexion sur l’avenir de la musique et de la culture en général ». « La musique est indispensable à l’équilibre humain », a-t-il insisté. Interrogé sur la mort lundi de Nelson Freire, Daniel Barenboim a regretté la disparition d’ un « être humain exceptionnel » et d’un « grand pianiste » .

Philippe Gault (avec AFP)

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