Dans une tribune publiée par Le Monde, Daniel Barenboim s’inquiète de voir la culture perdre de sa valeur et pas seulement à cause de la crise sanitaire. Pour le chef d’orchestre israélo-argentin, ce déclin remonte à l’arrivée d’Internet dans notre quotidien.
Selon Daniel Barenboim les politiques ciblent le court terme
S’il reconnaît qu’Internet est « indéniablement un outil qui a amélioré notre quotidien de multiples façons », c’est également une invention qui, selon Daniel Barenboim, a causé un grand nombre de problèmes. Pour lui, plutôt que maîtriser cet outil nous en sommes devenus les esclaves. « Internet a fait disparaître notre curiosité d’espèce vivante observant minutieusement son environnement (…) et cette invention nous aveugle à bien des égards » ajoute-t-il.
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Le chef d’orchestre met également en cause notre dépendance à la politique et aux politiciens qui, selon lui, ont une vision à court terme, notamment concernant la culture qui « souffre de nombreuses fermetures, avec leurs effets destructeurs, mais dans le débat actuel, nous confondons les aides liées à cette époque de pandémie avec des solutions de long terme ».
Daniel Barenboim souhaite le retour de la musique vivante « dès que possible »
Dans cette tribune publiée par Le Monde, Daniel Barenboim ne rejette pas les outils de substitution comme le streaming, qui a permis d’offrir à la musique, l’opéra, le théâtre, la danse, les arts de la scène « une échappatoire qui ne devra toutefois pas être considérée, au final, comme une solution ». Idem pour la télévision qui « contribue à la diffusion de représentations (…) un point positif, mais cela ne pourra jamais être une solution pour l’avenir, tout au plus un moindre mal ».
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Et le chef d’orchestre de donner l’exemple des Noces de Figaro de Wolfgang Amadeus Mozart, qu’il dirigera le 1er avril à Berlin pour un enregistrement destiné au streaming avant d’être données le lendemain devant 500 spectateurs au Staatsoper, « C’est ainsi que l’outil du streaming est un prologue à la solution à laquelle nous devons revenir dès que possible : la musique vivante ». Ce retour vital au spectacle vivant qui passe, selon Daniel Barenboim par une prise de conscience commune de la part des artistes, du milieu culturel et des politiques à qui il demande de « saisir cette occasion pour rendre à la culture la place qu’elle a perdue au cours des dernières années (…) que l’accès à la musique soit le plus large possible, pas seulement grâce à des subventions, mais également par son inscription sur les ordres du jour et les piliers des différentes philosophies de l’administration publique ».
Philippe Gault