Hilary Hahn publie chez Deutsche Grammophon un album intitulé Paris. Véritable déclaration d’amour à la capitale française, la violoniste y interprète des œuvres de Chausson, Prokofiev ainsi que deux sérénades de Rautavaara, pièces qui lui sont dédiées par le compositeur.
Hilary Hahn : « J’ai une relation émotionnelle avec Paris »
Hilary Hahn, dont les concerts à Paris les 18 et 19 décembre 2020 ont été annulés, a finalement retrouvé l’Orchestre Philharmonique de Radio-France et son directeur musical Mikko Franck à l’occasion d’un enregistrement dédiés à des œuvres de Prokofiev, Chausson et Rautavaara. Habituée de l’orchestre et de la capitale française, ce nouvel album intitulé Paris lui donne l’occasion de déclarer tout l’amour qu’elle porte à la ville : « j’ai une relation émotionnelle avec Paris car j’aime les arts, l’histoire de la musique (…) je retrouve dans cette ville la sensation d’interaction artistique entre les cultures (…) les musées sont fascinants, et simplement se promener à travers la ville est magique ». La violoniste américaine nous a d’ailleurs confié toujours louer un appartement quand elle donne un concert à Paris, « ça me donne la sensation d’y vivre » avant de glisser un petit message aux Parisiens : « je suis sûre que lorsqu’on y vit, tout cela devient familier, mais pour un étranger il n’existe aucun autre endroit sur Terre comme Paris. On peut y marcher et s’y perdre pendant des heures sans jamais se lasser ».
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L’album Paris comprend donc des œuvres de Rautavaara, Chausson et Prokofiev. Un seul compositeur français dans un album dédié à la ville lumière ? Oui, mais chaque œuvre a son histoire avec Paris, « le concerto pour violon de Prokofiev m’a toujours fait penser à Paris, je l’avais en tête depuis un moment » affirme Hilary Hahn, et les sérénades de Rautaavara, dont l’album marque la création, ont été composées pour Hilary Hahn, le Philharmonique de Radio-France et Mikko Franck dont le compositeur était proche.
Hilary Hahn : « Paris, en tant que ville, a une grande et riche combinaison de cultures (…) C’est cette complexité que j’aime à propos de Paris »
Hilary Hahn avoue vivre, comme tous les artistes, une année bien étrange qu’elle qualifie de « casanière et sans voyage ». Pour une interprète de dimension internationale habituée à donner des concerts aux quatre coins du globe, le contraste entre sa vie normale et le quotidien en temps de crise sanitaire est immense, même si la violoniste avait « commencé une année sabbatique à l’automne 2019 ». Cette période de calme a donc été pour Hilary Hahn l’occasion de développer le projet « Deep music.ai », interrogeant la place de l’intelligence artificielle dans le monde des arts à travers : « J’ai co-fondé une communauté qui regroupe des personnes créatives. Cela a commencé avec des compositeurs mais nous allons l’étendre à des personnes de tous les milieux créatifs, ainsi qu’ à des scientifiques en intelligence artificielle afin de trouver une interaction intéressante dans le futur entre l’intelligence artificielle et la créativité »
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Une période bien étrange pour Hilary Hahn donc, qui a vu son année sabbatique se transformer en repos forcé : « cela faisait six mois que mon année sabbatique avait commencé, et j’avais mis en place une certaine routine où j’allais voir des concerts toutes les semaines, j’avais un abonnement au ballet, j’allais aux musées pendant mon temps libre, je prenais des cours d’art, suivais des workshops… J’ai donc vécu ce confinement comme une vraie perte du confort émotionnel que je m’étais fabriquée au cours des derniers mois ». La violoniste américaine appréhende déjà avec hâte le retour sur scène à travers son projet #100daysofpractice, 100 jours de travail de l’instrument pour « être prête à en profiter le plus possible. Ce processus de 100 jours consiste donc plutôt à retrouver une manière de jouer, sur le long terme, tout en étant au maximum de mes capacités (…) car je sais que lorsque je recommencerai ce sera un véritable raz-de-marée de sentiments, d’expériences et d’enthousiasme. ».
Rémi Monti