Jean-Marc Dumontet, directeur de plusieurs théâtres à Paris (Théâtre Antoine, Le Point-Virgule, Bobino) et président des Molières était l’invité de Sophie Paolini ce vendredi 30 juillet dans la matinale de Radio Classique. Il salue, « en tant que citoyen » la mise en place du pass sanitaire dans les lieux de culture, mais dénonce une forme d’injustice par rapport à d’autres lieux culturels.
Jean-Marc Dumontet sur le pass sanitaire : « une épée de Damoclès, une contrainte forte qui ralentit la fréquentation de nos salles »
« L’arrivée du pass sanitaire est une bonne nouvelle, mais pas la meilleure qui soit », estime Jean-Marc Dumontet, qui d’emblée fait une différence entre son analyse en tant que citoyen et sa vision de patron de théâtre. Comme il l’avait déclaré sur notre antenne le 22 juillet dernier, Jean-Marc Dumontet souligne que « si 51% des Français sont totalement vaccinés, -ce qui est une bonne chose-, cela signifie que 49% ne peuvent pas accéder à nos salles, parce qu’on ne fait pas un test salivaire pour aller au cinéma ou au théâtre ». Il reconnaît que c’est une bonne chose pour la société française, pour « donner une impulsion », permettre à « ceux qui font des efforts d’avoir le droit de fréquenter les lieux publics » et « donner des conditions d’accès restreintes à ceux qui ont un comportement égoïste et personnel ».
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Pass sanitaire : « un sésame pour nous débarrasser totalement de cette maladie », selon Jean-Marc Dumontet
Balançant entre ces deux visions, de citoyen et d’homme de théâtre, il persiste et signe sur cette « mauvaise nouvelle dans l’immédiat pour la culture », que représente le pass sanitaire, dans lequel il voit malgré tout « un sésame pour nous débarrasser totalement de cette maladie ». « Après 18 mois de fermeture, il y a eu une réouverture progressive avec des jauges réduites, 35% puis 60%, et enfin 100% depuis le 1er juillet et patatras ! Le pass sanitaire arrive », explique-t-il. « Nous avons l’impression d’être les sacrifiés car nous avons été les premiers à démarrer ce pass sanitaire », lâche-t-il, avant de poursuivre « on peut le comprendre en tant que citoyens, mais il y a une forme d’injustice ». Comparant la situation des théâtres avec celle des librairies, qui peuvent rouvrir du jour au lendemain, Jean-Marc Dumontet rappelle qu’au théâtre, c’est impossible. « Mettre un spectacle en route prend du temps, un temps incompressible : il faut l’écrire, s’assurer de la disponibilité des acteurs, faire les répétitions, il y a ensuite des délais de commercialisation importants », détaille-t-il, dénonçant « une épée de Damoclès, une contrainte forte qui ralentit la fréquentation de nos salles ».
Béatrice Mouedine