« On ne peut pas faire augmenter les impôts jusqu’au ciel » prévient Eric Woerth

Eric Woerth était l’invité de Guillaume Durand ce mercredi 22 avril. Le député LR de l’Oise et président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale a jugé que « la voie fiscale est interdite en France » pour réduire la dette. Il se dit favorable à un déconfinement rapide et a critiqué « les réflexes bureaucratiques » qui font « ralentir les décisions politiques ». Il souhaite la création « d’un instrument » pour affecter « l’épargne forcée » des Français à la relance de l’économie.

« La France est un pays surfiscalisé », estime Eric Woerth

« Je pense que la voie fiscale est quasiment interdite aujourd’hui en France ». Alors que le ministre du budget Gérald Darmanin n’exclut pas une augmentation du montant du plan de soutien à l’économie, fixé à 110 milliards d’euros, Eric Woerth a plaidé ce matin au micro de Guillaume Durand pour qu’il ne soit pas financé à terme par une hausse des taxes et impôts sur les ménages.

 

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Le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale a rappelé que la France « est un pays surfiscalisé », « le 1er pays de fiscalité au monde ; ce qui n’est pas tellement une gloire ». « On ne peut pas faire augmenter les impôts jusqu’au ciel », a-t-il alerté. La stratégie de la hausse de la fiscalité avait déjà été choisie dans l’après crise de 2009-2010. Eric Woerth était à cette époque ministre du Budget. « Cela a probablement ralenti la reprise de l’activité, a-t-il reconnu. Il faut faire autrement ». Pour autant, Eric Woerth ne veut pas voir la France plonger dans une inertie de la dette. « Je veux bien accepter des chiffres absolument vertigineux (de déficit), mais il ne faut pas que l’on s’y habitue. Le déficit, ce n’est pas de la comptabilité, derrière c’est la souveraineté financière du pays ».

 

Eric Woerth estime que « les réflexes bureaucratiques ont tendance à beaucoup ralentir les décisions politiques »

L’action du gouvernement est de plus en plus contestée par les Français. Selon un sondage BVA pour Orange, seuls 35% des Français se déclarent confiants dans l’action de l’exécutif, en baisse de 2 points par rapport à vendredi dernier. « Ce qui compte, c’est d’être efficaces dans la sortie de crise. Il ne faudra pas sortir malade sanitairement et malade économiquement. C’est ce que l’opinion in fine jugera, a estimé Eric Woerth. Il y a des pans entiers de l’économie arrêtée, des professions en surtensions. C’est assez normal ce qui se passe, d’autant que les solutions proposées ne sont souvent que des principes ».

 

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L’un de ces principes, qu’Eric Woerth soutient par ailleurs, consiste en une date fixée par le président de la République pour le déconfinement, le 11 mai prochain. « Je pense qu’il a raison. Donner une date n’est pas quelque chose de bureaucratique. Les réflexes bureaucratiques ont tendance à beaucoup ralentir les décisions politiques. C’est bien de fixer une date mais elle doit être respectée », a insisté le député de l’Oise, qui a pointé du doigt le calendrier de rentrée progressive des scolaires.

 

 

« J’appelle le gouvernement à clarifier tout cela. Il ne peut pas y avoir de reprise économique avec des enfants confinés chez eux, sans reprise des transports ou sans une concertation européenne ».

 

Eric Woerth veut réaffecter « l’épargne forcée«  des Français à la relance de l’économie

Eric Woerth a appelé le gouvernement à opter pour un retour rapide à la normale, quitte à prendre « des risques ». « On ne peut pas payer le chômage partiel pendant des mois et des mois. Et on ne peut pas accepter que le chômage partiel se transforme en chômage tout court pour une bonne partie des Français ». Pour relancer l’économie le plus vite possible, l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy veut utiliser « l’épargne forcée » des consommateurs, telle qu’elle est définit par les économistes. « On a 50-55 milliards d’euros constatés d’épargnes supplémentaires des Français pendant la crise, puisqu’ils ne consomment pas alors qu’il n’y a pas de chute de revenus, sauf pour les professions artisanales. Il faut réfléchir (à un moyen) d’affecter cette épargne au plan de relance. Il faut proposer un instrument financier, comme le Livret A permet de financer le logement social ».

 

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D’après une enquête du Figaro, Emmanuel Macron réfléchirait lui à une solution pour sortir de la crise politique. Les idées de « concorde nationale » ou de « majorité élargie » à d’autres partis politiques seraient toujours sur la table. Une manœuvre que Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat, a avait jugé « clientéliste » sur notre antenne il y a quelques jours. Mais Les Républicains ne sont pas tous sur la même ligne sur ce point. « Nous soutenons le plan de soutien de l’économie. On est pas opposé par principe mais sur des sujets » avec La République en Marche, a expliqué Eric Woerth.

 

 

« L’union nationale ne se décrète pas. Cela se trouve tous les jours. Je constate qu’auparavant, cela n’a pas été fait du tout. Sur le débat fondamental des retraites, qu’il faudra reprendre d’une façon ou d’une autre, il n’y a pas eu cette recherche de consensus », a-t-il conclu.

 

Nicolas Gomont

 

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