Musiciens blancs limogés : « Un aveuglement idéologique, on voit le racisme partout » dénonce Alain Finkielkraut

Le philosophe Alain Finkielkraut était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique, à l’occasion de la publication de son livre L’Après littérature, édité chez Stock. Saluant l’initiative d’Emmanuel Macron de demander pardon au harkis, il appelle à ne pas oublier « que les coupables, ceux qui ont massacré, ce sont les membres du FLN ».

Napoléon remplacé par Gisèle Halimi à Rouen : « il ne faut ni le proscrire, ni le marginaliser »

Emmanuel Macron a demandé pardon aux harkis, hier, devant 300 représentants de cette communauté et promis une loi de réparation. Un discours salué ce matin par Alain Finkielkraut, qui qualifie le traitement des harkis comme « la plus grande tache de la geste gaullienne ». Le philosophe plaide toutefois pour bâtir, 60 ans après la fin de la guerre d’Algérie, « un récit mémoriel plus juste, plus adéquat, plus pertinent qu’aujourd’hui ».

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Il pointe notamment « les coupables, ceux qui ont massacré », autrement dit les membres du FLN. Alain Finkielkraut souligne également « le grand paradoxe algérien », qu’il résume ainsi : « la grande majorité des jeunes algériens veulent émigrer en France, leur rêve est de revenir dans la métropole colonisatrice ». Autre sujet d’actualité qui a fait réagir l’écrivain : la statue équestre de Napoléon à Rouen, actuellement restaurée, pourrait ne pas être réinstallée sur le parvis de l’hôtel de ville.

 

L’English Touring Opera, qui a mis fin aux contrats de 14 musiciens blancs pour recruter des artistes issus de la diversité

Le maire Nicolas Mayer-Rossignol envisage en effet de la remplacer par celle de l’avocate féministe Gisèle Halimi. Alain Finkielkraut, qui tient à souligner qu’elle était « une femme extraordinaire », estime que cette affaire n’a pas de sens : « Napoléon représente un moment de notre histoire qu’il faut assumer, il ne faut ni le proscrire, ni le marginaliser ». Le philosophe y voit « l’esprit de supériorité de notre époque, sa fatuité et sa condescendance ». Il dénonce le côté « narquois » du temps présent, et une idéologie qui balaie tout, séduisante car « elle se présente comme un récit » : « dominants et dominés, racistes et racisés, hommes et femmes victimes ». L’auteur de L’Après littérature lance un appel pour ne pas oublier les individus au profit des généralités, citant en exemple l’affaire de l’English Touring Opera, qui a mis fin aux contrats de 14 musiciens blancs pour recruter des artistes issus de la diversité. « Voilà où nous en sommes », assure Alain Finkielkraut, « c’est le résultat d’un aveuglement idéologique ». « On se raconte des histoires, que le racisme sévit partout », conclut-il.

Béatrice Mouedine

 

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