Après plus de 100 jours de contestation du pouvoir en place, les libanais sont à nouveau descendus dans les rues de Beyrouth samedi 25 janvier avec un mot d’ordre : le dégagisme. La formation quelques jours plus tôt d’un nouveau gouvernement n’a pas apaisé les tensions.
Le Liban dénombre plus de 500 blessés en un week-end de protestation
Les manifestants ont choisi l’emblème du Joker, personnage psychopathe et anarchiste des comics américains, récemment porté sur les écrans de cinéma avec un succès international. Depuis le 17 octobre, les libanais veulent renvoyer à leurs chères études des politiciens qu’ils jugent incompétents et corrompus. L’impatience de la population a atteint des sommets alors que les différents partis politiques se disputaient les portefeuilles dans le futur gouvernement. La semaine dernière, le mouvement a pris un tour particulièrement violent puisqu’il y a eu plus de 500 blessés en un week-end, policiers compris. Et pendant ce temps-là, la situation économique continuait à s’aggraver, avec une dépréciation continue de la livre libanaise, des entreprises qui licencient en masse, des restrictions sur les retraits bancaires pour les particuliers et une dette publique qui dépasse les 80 milliards d’euros. Les libanais ont le sentiment que le pays s’effondre sous leurs yeux impuissants, tandis que la classe politique se dispute les places.
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Une composition gouvernementale favorable au Hezbollah pro-iranien
Pourtant, un nouveau Premier ministre a enfin réussi à former son gouvernement. Mais depuis quelques jours, un grand malentendu s’est installé. D’abord, les manifestants n’ont pas apprécié qu’Hassan Diab, universitaire plutôt indépendant ait été désigné lors d’une réunion des partis à huis clos chef du gouvernement pour succéder à Rafiq Hariri. Ce système de l’entre-soi continue malgré les appels de la rue depuis 3 mois. Surtout, quand la composition du gouvernement a été annoncée mardi dernier, les libanais ont pu constater la domination en son sein du Courant patriotique libre du président Michel Aoun et surtout du Hezbollah pro-iranien et de ses alliés du Amal, milice apparue peu avant la Guerre civile libanaise qui s’est depuis fondue dans le paysage politique local.
Le #Liban toujours en ébullition : Après plus de 100 jours de contestation, les libanais sont à nouveau descendu dans les rues de Beyrouth samedi avec un mot d’ordre de dégagisme…
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— Radio Classique (@radioclassique) January 27, 2020
Emmanuel Macron a fixé les attentes de la France au nouveau Premier ministre
La formation de Saad Hariri, le Premier ministre sortant, est dans l’opposition. Une fois de plus, un bloc politique tient le gouvernail et la promesse de nommer une équipe de technocrates et d’experts n’a pas été tenue, alors que le pays fait face à une catastrophe économique. Samedi, Emmanuel Macron a appelé son homologue libanais pour lui dire que Paris attendait du nouvel exécutif qu’il prenne des mesures pour rétablir la confiance et pour répondre aux aspirations des Libanais. Donc, même si la contestation marque le pas dans les semaines qui viennent, le nouveau gouvernement libanais va devoir agir vite, sous pression, sous surveillance et dans un climat de défiance.
Emmanuel Faux