Benjamin Davido, infectiologue à l’hôpital Raymond Poincaré de Garches, était l’invité ce matin dans la matinale de Radio Classique. Alors que les 40 millions de primo-vaccinés devraient être atteints aujourd’hui en France, il annonce une ascension des contaminations autour du 15 août ainsi que l’augmentation des cas de covid long notamment chez les jeunes.
Covid : le pass sanitaire n’est pas un « totem d’immunité »
Lors de sa visite à Tahiti, Emmanuel Macron a évoqué l’irresponsabilité et l’égoïsme des Français qui ne voudraient pas se faire vacciner. Selon les estimations, 25% des Français sont dans l’hésitation vaccinale, « parce qu’ils ont des peurs qui sont parfois irrationnelles », rappelle Benjamin Davido. Les citoyens ont selon lui, cette responsabilité de faire en sorte que ce virus s’arrête le plus tôt possible. Malheureusement, des malades reviennent à l’hôpital, ce qui constitue une mauvaise nouvelle, et de plus, une ascension des contaminations est attendue autour du 15 août, estime l’infectiologue. La question qu’il se pose est la suivante : « allons-nous atteindre un pic qui va s’essouffler d’un seul coup ou bien cette ascension va-t-elle être extrêmement longue et éprouvante pour les Français et l’hôpital qui est déjà à bout de souffle ? ».
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Les hôpitaux sont prêts à accueillir ces patients, toutefois le personnel hospitalier est extrêmement fatigué aussi bien sur le plan physique que psychologique. Ainsi, « quasiment un paramédical sur deux a souhaité au cours de cette troisième vague changer de métier » explique Benjamin Davido. Face aux nombreux burn-out et arrêts de travail, l’envie de revenir à la vie d’avant est de plus en plus présente. Si aujourd’hui 40% des Français sont vaccinés, ce n’est pas suffisant souligne l’infectiologue. En outre, il rappelle que le pass sanitaire n’est pas un « totem d’immunité », selon la formule employée par Olivier Véran à la veille des fêtes de fin d’année en 2020. En effet, « ce n’est pas parce que vous disposez d’un PCR de 48h, que vous ne pourrez pas être porteur du virus le lendemain et contaminer d’autres individus », affirme-t-il.
Covid long : « des syndromes chroniques d’épuisement qui peuvent durer de 6 à 12 mois »
Lors de l’interview Renaud Blanc souligne que cette quatrième vague qui a été présentée comme la vague des jeunes, population moins vulnérable que les personnes âgées, a été trop relativisée. Un constat partagé par l’infectiologue qui précise que lorsque le seuil des 20 000 ou 50 000 contaminations par jour est franchi, comme au Royaume-Uni, arithmétiquement il y a des Covid longs au sein de la population et qui touchent majoritairement des femmes jeunes de moins de 40 ans, assure Benjamin Davido. Ces personnes présentent alors des « syndromes chroniques de fatigue ou d’épuisement qui peuvent durer de 6 à 12 mois et qui sont extrêmement contraignants », à tel point que certaines ne peuvent plus travailler, pointe-t-il. Ce Covid long « est paradoxalement une maladie du jeune, du non-hospitalisé, des gens qui n’ont pas eu de symptômes et donc il faut protéger les gens qui n’ont pas de comorbidités et qui ne sont pas vulnérables », conclut-il.
Alexandra Legrand