Vélib’ : La Mairie de Paris envisage de les mettre sous gestion publique

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Après les propositions de renationaliser les autoroutes, voilà que la mairie de Paris s’interroge sur l’avenir de ses fameux Vélib’.

Smovengo, une entreprise « low cost »

Pas question ici de nationaliser les vélos en libre-service de la capitale mais c’est un peu tout comme, puisque l’on parlerait de municipalisation. Il s’agit de remettre sous gestion publique ce qui est aujourd’hui opéré par un acteur privé. L’adjoint aux Mobilités à la mairie de Paris n’exclut pas une reprise en régie publique du service Vélib’. C’est l’écologiste David Belliard qui l’évoque clairement : « à l’échéance du contrat en cours, il faudra évidemment étudier cette option » dit-il. L’échéance, ce n’est pas pour tout de suite mais pour 2032. Cela laisse un peu de temps avec les Vélib’ bleus et verts gérés par la société Smovengo. C’est elle qui avait remporté le dernier appel d’offre, prenant la place de JCDecaux, l’opérateur du départ qui avait mis les premiers Vélib’ dans Paris pendant la mandature de Bertrand Delanoë. Le démarrage de Smovengo a été une catastrophe et d’ailleurs ce n’est toujours pas parfait. La mairie de Paris le reconnaît : « la qualité du service que nous nous sommes fixés n’est pas encore au rendez-vous, on ne peut pas dire que c’était mieux avant ».

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Pendant des mois, les cyclistes parisiens avaient dû jongler avec un nombre microscopique de vélos disponibles, une montée en charge d’une lenteur infinie et des vélos cassés qui tardaient à être remplacés. Smovengo, une entreprise « low cost » selon David Belliard, n’avait pas les reins assez solides. On parlait d’une petite start-up à l’époque, qui devait tout d’un coup devenir une grande avec un marché public sur une métropole comme Paris avec des chantiers à tous les coins de rue. Un système entièrement changé : les vélos, les bornes et l’informatique. Aujourd’hui c’est mieux mais personne ne voudrait revivre le cauchemar d’il y a quatre ans. L’adjoint à la mairie de Paris ne nous rassure pas pour autant puisque selon lui il faudrait « dix-huit mois au minimum d’interruption de service si nous décidions de passer en régie ». Car c’est ça la solution évoquée, une régie publique comme celle qui gère la distribution de l’eau dans Paris depuis 2010. L’exemple même, selon David Belliard : « d’une reprise en régie qui n’apporte que du positif. »

La faute n’est peut-être pas totalement à mettre du côté de l’entreprise privée

Mais qui du privé ou du public est le mieux à même de gérer certains services à la population ? La réponse est : ça dépend ! C’est un débat finalement assez passionnant. Car si personne aujourd’hui n’imagine qu’on privatise la justice, l’armée ou la police, la question se pose vraiment régulièrement pour de plus en plus de secteurs. Il y a donc l’eau, avec des régies publiques qui reviennent et côtoient des groupes comme Veolia, Suez, ou Saur. On a dans l’actualité brûlante le secteur des Ehpad, avec un modèle privé très critiqué. Mais qui peut affirmer que tout se passe bien dans les Ehpad publics ? Bien sûr que le court-terme d’un cours de bourse semble difficile, à première vue, à concilier avec le long-terme du soin à des personnes humaines. Pour autant, des contrôles, des critères de qualité, des indicateurs et des classements publics peuvent contribuer à assainir les choses. C’est le même débat pour les hôpitaux en général ou bien les crèches.

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On pourrait aussi parler de la concurrence dans les transports. Les gares pourraient-elles un jour être privatisées ? Ce n’est pas encore sur les rails mais ça existe dans certains pays. Il y a aussi le cas des aéroports. La doctrine du gouvernement était de privatiser ADP mais la pandémie a chamboulé la donne. Il n’est pas évident de trancher simplement et les avis peuvent évoluer au cours du temps selon les éléments. Prenez le secteur de l’assurance, lui aussi remis en question par la pandémie en refusant d’indemniser les restaurants. Quand il y a un risque systémique comme une pandémie, une catastrophe naturelle ou une cyberattaque, là le secteur privé ne peut pas suffire. Mais pour en revenir sur ce dossier des Vélib’ à Paris. La faute n’est peut-être pas totalement à mettre du côté de l’entreprise privée mais également du côté du marché public mal ficelé et d’un donneur d’ordre, Paris, un peu trop gourmand sur les tarifs sans vérifier la solidité de son exécutant.

François Geffrier 

Ecoutez les explications de François Geffrier à 3’55 : 

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