Renaissance avec « Ensemble » : Edouard Philippe adoubé, LR et la gauche oubliés

JEANNE ACCORSINI/SIPA

La République en marche devient Renaissance. Le parti de la majorité ira aux législatives sous le label « Ensemble » accompagné du Modem et d’Horizons. Au-delà d’un changement d’étiquette, quelles leçons peut-on tirer de cette annonce de la macronie ? 

Pour Edouard Philippe ce scenario est une victoire incontestable

Le 5 mai, Richard Ferrand, François Bayrou et Edouard Philippe ont présenté « Ensemble », le nouveau label macroniste. Ce sera une confédération et pas un parti unique. Une différence qui semble importante. On sait qu’Emmanuel Macron souhaitait un parti unique et une formation comprenant tous ceux qui le soutiennent. Un peu à la manière de l’UMP que Jacques Chirac avait créé au lendemain de sa réélection en 2002. Pourtant les barons de la macronie n’en voulaient pas. Ni François Bayrou, ni Richard Ferrand et encore moins Edouard Philippe qui a lancé son propre parti, Horizons. C’est un refus par réalisme parce que le caporalisme ne marche pas avec des gens qui ont une histoire si différente. Ce refus est surtout motivé par un souci d’autonomie, et notamment financière. Ce n’est pas l’aspect le moins important. Ils voulaient une confédération sur le modèle de ce que fut l’UDF. C’est-à-dire une étiquette commune pour aller aux élections, ce sera le cas avec le label Ensemble, mais des partis ayant leur existence propre. Bravo à eux, c’est bien cette option qui l’a emporté. Il y aura des candidats uniques de la majorité, mais répartis en trois groupes distincts : Renaissance, le nouveau nom de La République en marche, Modem et Horizons.

A lire aussi

 

Ce scenario semble être pour Edouard Philippe une victoire incontestable. On pourrait même parler d’une revanche. On sait que les relations étaient devenues passablement compliquées entre Emmanuel Macron et son ancien Premier ministre. Le maire du Havre s’agaçait d’être tenu à l’écart de certaines discussions sur l’avenir de la majorité. Les macronistes ne semblaient guère enclins à lui permettre d’avoir un groupe propre à l’Assemblée nationale. Pourtant aujourd’hui, Philippe est reconnu comme l’un des trois piliers de la majorité. Il est moins bien servi que le Modem mais l’accord est avantageux pour lui.

LR et la gauche, les oubliés de cette union

Il faut également noter que si l’on évoquait un groupe venu de LR ou de la gauche dans la nouvelle organisation de la majorité, il n’en est rien. En effet, presque toutes les circonscriptions sont concernées par l’accord entre Renaissance, le Modem et Horizons. Il n’y a donc pas beaucoup de place pour les autres. Les sortants LR qui espéraient ne pas avoir de candidats de la majorité contre eux, voire qui comptaient intégrer cette majorité, sont prévenus. Quant aux différentes entités qui prétendaient structurer une aile gauche de la majorité, elles savent qu’elles ne seront pas reconnues comme telles. C’est au sein de Renaissance qu’elles devront exister.

A lire aussi

 

Finalement, passer de La République en marche à Renaissance, cela ne semble pas changer grand-chose. A défaut d’avoir un nouveau parti on a un nouveau nom. Il faudra juste refaire les papiers à en-tête et s’habituer à cette appellation. 5 ans pour une étiquette, c’est quand même court, mais symboliquement, il fallait montrer que c’était un nouveau départ pour le macronisme politique. Il n’est pas sûr que cela suffise.

Guillaume Tabard 

Retrouvez l’édito politique