Régionales : Que penser du décalage entre les pronostics de la presse et les résultats des élections ?

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La Croix vendredi titrait Régionales le grand flou : c’est sans doute le gros titre le plus visionnaire qui a précédé cette élection. Et dans son éditorial du jour, Jérôme Chapuis fait ce constat : « certains parlaient d’un tour de chauffe à 10 mois de la présidentielle. On se réveille plutôt avec l’impression que le moteur de notre démocratie tourne à vide ».

Régionales : Marine Le Pen et Macron sont probablement les deux grands perdants de ces élections

Dans le Parisien Jean-Michel Salvator écrit « le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’est plus écrit ». C’est certain qu’il n’est plus écrit, mais qui l’écrivait, sinon la presse il y a encore quelques jours ? L’ampleur de la surprise, le décalage entre ce qui était suggéré et ce qui est arrivé au premier tour doit nous conduire à nous méfier. Je prend un exemple, le JDD hier : la droite va-t-elle exploser ? PACA, la fin du plafond de vert ? Et on pouvait lire ceci dans les colonnes du journal : ce qui se joue là, ce sont les préliminaires, voire le premier round de la présidentielle. Prudence, prudence…

 

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Qui, sinon la presse et le microcosme ont surinvesti dans ces régionales comme les boursicoteurs se précipitent à la bourse ? Qui, si ce n’est le système auquel appartient désormais le Rassemblement National, a transformé ces régionales en couturière, en avant-dernière répétition de la présidentielle ? Ca en dit long sur le court-termisme, sur la boulimie d’un système médiatique qui met sans arrêt la charrue avant les bœufs. La une du Journal du Dimanche qui hier encore mettait en photo en couverture Marine Le Pen et Macron : ces deux-là sont probablement les deux grands perdants de ces régionales.

 

Régionales : 66 % des Français ne sont pas allés voter

Voilà pourquoi il faut se méfier de ce qu’on lit parfois dans les journaux. Prenez les gémissements sur l’abstention. 66 % des Français ne sont pas allés voter. Et si c’était parce que le non cumul des mandats leur convient et qu’il font confiance aux grands élus pour gérer les énormes bureaucratie régionales ? Et si c’était parce que ces régions ne correspondent plus du tout à un terroir et une vraie culture régionale ? Et si les électeurs s’était abstenus parce que justement pour eux, l’enjeu pour eux c’est le chômage, l’insécurité, l’immigration et qu’il savent très bien que les régions n’y peuvent pas grand-chose… Méfions-nous des lamentations sur l’abstention, il y aura un deuxième tour, le renoncement des Français à voter n’est peut-être ni une défiance, ni un je m’en foutisme, juste une forme de pragmatisme.

 

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Toujours à propos de politique, je lis dans le JDD d’hier cette question : Anne Hidalgo peut-elle enfin décoller ? Il y en a qui y croient. Le 16 juin, l’hebdo le 1 titrait Hidalgo : une chance pour la gauche ? Interview fleuve, bande dessinée sur la vie de la petite Anne arrivée en France à 3 ans, Anne Hidalgo un pari français, ose le 1. Il faut dire que le 1 il y a 15 jour posait cette autre question Faut-il canoniser Jack Lang. Quand un hebdo en est là, tous les espoirs pour la maire de Paris sont permis. Ceci dit, il y a les excès et les rêveries de la presse de gauche, mais la presse de droite n’est pas en reste. Toujours au sujet de Paris et sa maire, le Figaro interroge ce matin Nicolas d’Estienne D’Orves auteur d’un dictionnaire amoureux de Paris. L’auteur y raconte le génie de la capitale mais également les dangers qui la menacent. Le Figaro qui aime étriller Anne Hidalgo lui tend donc la perche sur la gestion municipale. Réponse de l’écrivain : « Je trouve le mot de saccage concernant Paris trop faible. On est dans l’euphémisme, c’est du massacre, presque de la torture. S’employer avec tant d’ardeur, tant d’énergie, tant de paradoxale bonne foi à défigurer l’une des plus belles villes du monde est assez vertigineux. La génération Hidalgo semble prendre un malin plaisir à poser ça et là des verrues urbanistiquement correctes : les plots jaunes des pistes cyclables, les nouveaux bancs publics, les nouvelles fontaines, les nouveaux kiosques, les nouveaux lampadaires, ces rogatons de jardins soi-disant participatifs et tout cela enrobé d’une idéologie verbeuse »… Je m’arrête-là car à force d’être excessive la critique ne porte plus.

David Abiker

 

 

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