Présidentielle 2022 : Christiane Taubira présente une candidature « doublement hypocrite »

Philippe Grangeaud / Flickr

C’est un scenario prévisible et infernal qui se met en effet en place. Christiane Taubira a confirmé sa candidature. Comment expliquer cette fragmentation ininterrompue de la gauche ?

Christiane Taubira sera bien une candidature de plus

Dans sa déclaration sur la colline de la Croix-Rousse, Christiane Taubira a annoncé qu’elle accepterait le verdict de la primaire populaire, cette initiative citoyenne qui doit se prononcer à la fin du mois. Cela donne l’apparence de vouloir encore rechercher l’unité de candidature à gauche via cette primaire. C’est doublement hypocrite. D’abord parce la primaire populaire est faite pour adouber la candidature de Christiane Taubira. C’est la seule connue parmi ceux qui ont choisi de s’y soumettre mais les promoteurs de cette initiative ont choisi d’y inclure contre leur gré Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot et Anne Hidalgo. Ces trois-là ont déjà dit qu’ils ne voulaient pas s’inscrire dans la cadre de cette primaire, donc leurs électeurs ou les adhérents de leurs partis ne vont pas participer au vote. Le tour est joué car Christiane Taubira sortira victorieuse et elle pourra dire : voyez, c’est pas moi qui le veut, c’est la base qui me réclame.

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L’autre point hypocrite c’est qu’en à peine un mois, elle a changé de discours. En décembre, Christiane Taubira a dit en quelque sorte : je vais voir si je peux être une candidature d’union, mais en tout état de cause, je ne serai pas une candidature de plus. Dire qu’aujourd’hui elle acceptera le verdict de la primaire c’est laisser croire : si je ne suis pas désignée, je m’inclinerai et je m’effacerai. Mais c’est surtout dire en fait : si je suis désignée et bien j’irai même si je ne fais pas l’union de la gauche. Or, ni Jean-Luc Mélenchon, ni Yannick Jadot, ni Anne Hidalgo, ni Fabien Roussel ne vont se retirer pour elle. Peut-être qu’Arnaud Montebourg va prendre acte qu’il n’a pas les moyens d’aller au bout. Donc oui in fine, Christiane Taubira sera bien simplement une candidature de plus. Et ça elle le savait depuis le début. Dire « je dois y aller car j’y suis appelée et c’est mon devoir, il faudra bien que les autres comprennent car moi seule peut mobiliser l’électorat de gauche » et quand tout cela est démenti par l’évidence autant que par les sondages cela porte un nom, c’est tout simplement de l’orgueil.

Jean-Luc Mélenchon : sa candidature pourrait redevenir un pôle d’intérêt

Pendant ce temps, Jean-Luc Mélenchon poursuit sa campagne. Peut-il devenir le vote utile à gauche ? Au moins Jean-Luc Mélenchon n’a jamais fait semblant de croire à l’union de la gauche ou de prendre les gens pour des imbéciles. Il creuse son sillon en faisant le pari qu’écœurés par le spectacle des égos, de Christiane Taubira à Anne Hidalgo, les électeurs de gauche choisiront d’eux-mêmes d’aller vers celui, non pas qui a le plus de chance de gagner – personne n’y croit – mais au moins de faire le meilleur score. Or, à ce jour, c’est Jean-Luc Mélenchon. On l’a vu hier avec son meeting de Nantes, lui seul sait attirer un peu de monde à gauche et dans la forme avec ce meeting immersif et olfactif dont les images, il faut le dire, étaient très belles. Le candidat a montré qu’il avait encore la capacité de créer, de surprendre, d’innover. Gageons que dans les jours qui viennent sa candidature va redevenir un pôle d’intérêt.

Guillaume Tabard

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