Alain Bauer, professeur de criminologie au Conservatoire national des arts et métiers, était l’invité de Guillaume Durand ce mardi 8 octobre, à 8h15. Après l’attaque de la Préfecture de police de Paris, il dénonce le « fétichisme technologique » dans les services de renseignement. Il estime que la démission du ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, ne résoudrait pas le problème structurel du dysfonctionnement dans la remontée et l’analyse des informations.
Castaner : Pour Alain Bauer « La démission, c’est la punition »
« La démission, c’est la punition » estime Alain Bauer. Alors que l’opposition réclame le départ de Christophe Castaner, le professeur de criminologie estime que la destitution du Ministre de l’Intérieur « n’est pas le sujet. » Il regrette en effet que les médias posent le problème en termes « politiques » et de « procédures » alors que « le facteur humain est l’élément majeur » : « Il va être remplacé par qui ? Par quelqu’un qui aura les mêmes fonctions et les mêmes problèmes » a-t-il soutenu.
Attaque à la préfecture de Paris : Alain Bauer dénonce le « fétichisme technologique » des services de renseignement et pointe le problème de l’analyse et de la remontée de l’information
« Depuis qu’il a quitté sa période coloniale, L’Etat a abandonné son renseignement humain. Il a investi dans le fétichisme technologique en espérant que l’inspecteur Google allait résoudre le problème de l’imam Youtube » a expliqué Alain Bauer. Il assure que la remontée de l’information au sein du Ministère de l’Intérieur ne « fonctionne pas » . Le professeur de criminologie plaide donc pour la mise en place d’un outil automatique de détection et de remontée de l’information. « Pour résoudre le problème, il faut passer d’un système qui cumule l’information mais qui ne sait pas l’analyser, la traiter ni la hiérarchiser en un système qui fonctionne avec un cerveau et pas seulement des oreilles » a-t-il préconisé. Il reconnait néanmoins une amélioration partielle depuis les attentats de 2015. Toutefois, la situation ne « s’améliore pas à la DRPP (Direction du Renseignement de la préfecture de Paris où travaillait Mickael Harpon) car elle fonctionne à part, dans un univers fermé et sans un système de contrôle extérieur qui permettrait la remontée d’informations » a-t-il expliqué.
« Depuis qu’il a quitté sa période coloniale, L’Etat a abandonné son renseignement humain. Il a investi dans le fétichisme technologique en espérant que l’inspecteur Google allait résoudre le problème de l’imam Youtube »
Alain Bauer – professeur de criminologie #Harpon pic.twitter.com/ge7kDNR7ow
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Islamophobie : Affirmer le principe de laïcité pour lutter plus efficacement contre la radicalisation
« Il ne faut pas avoir d’affirmer le principe de laïcité de séparation de l’Eglise et de l’Etat, y compris au sein de la Préfecture de police de Paris » a avancé Alain Bauer. Le professeur de criminologie explique qu’il faut sortir d’un « déni structurel ». Selon lui, « le remords colonial » serait à l’origine d’un système de « droit de tirage, de compensation » qui empêcherait « la responsabilisation » et le « signalement ». Interrogé sur l’islamophobie, Alain Bauer a expliqué que toutes les religions comportaient leur part de fanatisme et que ce n’était pas « une maladie propre à l’islam » : « On doit sortir d’une sorte de déni structurel, non pas par rapport à l’Islam qui est une religion comme les autres, avec des gens très biens mais aussi des dingues ». (…) La dynamique de laïcité avait permis de résoudre cette question ».
Alain Bauer estime qu’il y a « une incapacité à traiter de la criminalité comme de la criminalité et du terrorisme comme du terrorisme » notamment à cause « d’un remord colonial ». ll assure qu’il ne faut pas avoir peur d’affirmer le principe de laïcité dans les services publics. pic.twitter.com/jG5nTtri1v
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Arthur Barbaresi