Wilhelm Kempff

(1895-1991) Pianiste

Wilhelm Kempff est, parmi les grands pianistes du XXème siècle, l’un de ceux qui ont le plus enregistré. Son important legs discographique compte plusieurs intégrales des sonates de Beethoven et de Schubert, les concertos de Mozart et Beethoven, ou encore l’œuvre pour piano de Schumann et de Liszt. Son dernier enregistrement est pour le Clavier Bien Tempéré de Bach. Sa conception de l’interprétation, loin d’être figée, est celle d’un musicien à un moment donné. Egalement compositeur, Kempff reste un représentant inspiré de l’art pianistique.

Wilhelm Kempff en 10 dates :

  • 1895 : Naissance à Jüterbog (Allemagne)
  • 1904 : Entrée au conservatoire de Berlin
  • 1918 : Premier concert avec le Philharmonique de Berlin
  • 1930 : Contrat avec Deutsche Grammophon
  • 1942 : Concert à Paris avec Alfred Cortot et Germaine Lubin
  • 1948 : Concert à Paris avec Gaston Poulet
  • 1954 : Récital d’orgue à Hiroshima
  • 1964 : Premier récital à New York
  • 1982 : Dernier concert à Holzhausen (Autriche)
  • 1991 : Mort à Positano (Italie)

Né dans une famille de musiciens, Wilhelm Kempff entre dès ses neuf ans au conservatoire de Berlin.

Son père et son grand-père sont organistes. Très tôt, le jeune garçon apprend l’orgue, le violon et le piano. Son premier professeur de piano lui fait travailler le Clavier Bien Tempéré qu’il est capable de jouer dans tous les tons. Il intègre l’Ecole supérieure académique de musique de Berlin dont il suivra le cursus jusqu’en 1917. À douze ans, il donne son premier récital à Potsdam et joue ses premières compositions. Busoni le trouve « phénoménal ». Plus tard, sa performance devant l’empereur lui vaudra d’être exempté de service militaire, ce qui le préserve de la grande guerre.

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Son concert triomphal avec le Philharmonique de Berlin en fait une gloire nationale.

En 1918, il donne le 4ème concerto de Beethoven, qui lance sa carrière et lui donne accès à de nombreux avantages. Il bénéficiera ainsi d’une belle maison dans le domaine royal de Sans-Souci à Potsdam, et voyagera dans le fameux dirigeable Graf Zeppelin.

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En 1930, il signe un contrat avec Deutsche Grammophon, qui restera son principal label. L’arrivée au pouvoir des nazis ne perturbe pas son statut, car il ne refuse pas de jouer devant les sommités jusqu’à la fin de la guerre. Il vient même à Paris en 1942 pour un concert avec Alfred Cortot et Germaine Lubin. Traduit devant une commission de dénazification, il n’est pas condamné mais se voit néanmoins interdit de concert en zone américaine. Il attendra 1964 pour jouer à New York.

 

Compositeur, Kempff écrit des symphonies, des opéras, des pièces pour violon et piano, mais sans grand succès. Il transcrit aussi des œuvres de Bach.

Son premier opus, édité en 1913, est un psaume inspiré de Bach. Il fera d’ailleurs plus tard plusieurs transcriptions pour clavier d’oeuvres du cantor de Leipzig, la plus connue étant la sicilienne de la Sonate pour flûte en mi majeur. Furtwängler, qui partage avec lui sa passion pour Beethoven, dirige en 1929 sa Seconde Symphonie, avec l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig. Ses opéras Le Roi Midas (une satire de la musique atonale, créé à Königsberg en 1931) Familie Gozzi (représenté à Naples en 1934) et Die Fasnacht von Rottweil (créé à Hannovre en 1937), ne connaissent pas un grand retentissement. Ses deux quatuors à cordes et son Concerto pour violon, non plus. Quant à ses suites pour piano, elles restent confidentielles.

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Son activité de professeur commence à Stuttgart et finit à Positano.

Dès 1924, il enseigne le piano au conservatoire de Stuttgart. Puis il occupe un poste à Potsdam en 1931, pendant dix ans. Enfin, à partir de 1957, il donne des cours dans sa villa de Positano en Italie, où il vit désormais. Ses élèves se nomment Jorg Demus, Mitsuko Ushida ou Idil Biret. Celle-ci, qui a enregistré ses transcriptions de Bach, a exprimé ainsi son admiration : « Une leçon avec Wilhelm Kempff n’était pas simplement une leçon de musique mais aussi un cours pédagogique d’humanisme et de culture. Avec sa vaste connaissance de la littérature allemande, anglaise, française et italienne ainsi que de l’ancien classique de Rome et de la Grèce, il a fait une synthèse fascinante de la musique et de la littérature. »

1er mouvement de la Sonate « Clair de lune » de Beethoven

 

Il arrête ses concerts en 1982 après une longue carrière de soixante-cinq ans.

Sa carrière internationale l’a mené dans de nombreux pays, notamment au Japon où il s’est rendu une dizaine de fois. En 1954 il donne un concert d’hommage aux victimes d’Hiroshima dans l’Eglise de la Paix mondiale. Ce récital d’orgue est enregistré par Deutsche Grammophon, qui le publie en 1956. Outre ses prestations de soliste, appréciées des grands chefs d’orchestre, il se tourne vers la musique de chambre, jouant avec Yehudi Menuhin ou Pierre Fournier, qui ont témoigné de leur bonne entente musicale et de la joie qui irradiait Kempff.
Atteint de la maladie de Parkinson, il met fin à sa longue carrière après d’ultimes concerts à Paris en 1981 et en Autriche en 1982. Le programme de son dernier récital salle Pleyel, le 18 mars 1981, était consacré à ses trois compositeurs fétiches, Beethoven, Schubert et Schumann. Il meurt dans sa maison de Positano en 1991.

 

Philippe Hussenot

 

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