TEBALDI Renata

(1922-2004) Artiste lyrique

Chanteuse à la voix puissante et douce, qualifiée de « voix d’ange » par Toscanini, Renata Tebaldi a eu une belle carrière de 30 années et a été l’une des étoiles du label Decca. On l’a souvent opposée à Maria Callas au jeu plus dramatique et au répertoire plus vaste.

Renata Tebaldi en 7 dates :

  • 1922 : naissance à Pesaro
  • 1946 : engagée par Toscanini pour la réouverture de la Scala
  • 1955 : débuts au Met de New York
  • 1973 : adieux à l’opéra dans Otello
  • 1976 : adieux au récital à la Scala
  • 1986 : parution de ses Mémoires
  • 2004 : mort à Saint-Marin

 

En 1 262 représentations, Tebaldi a surtout chanté Tosca, La Bohème, Otello et Traviata.

Renata Tebaldi naît le 1er février 1922 à Pesaro, la ville de Rossini. Son père est violoncelliste et sa mère infirmière. Ils se séparent à sa naissance. Renata Tebaldi pourra compter sur une mère aimante et dévouée durant toute sa carrière. Elle commence le piano à trois ans et étudie le chant au Conservatoire de Parme. Elle prend des leçons avec Carmen Mellis, vedette du répertoire vériste, qui la prend sous son aile. Renata Tebaldi commence à Rovigo (Vénétie) en 1944 dans Mefistofele de Boïto et fait son grand début à Trieste dans le rôle de Desdémone en 1946. Elle est remarquée par Toscanini qui l’engage pour la réouverture de la Scala après les années fascistes. Commence une histoire d’amour avec le théâtre milanais. Elle y travaille ses rôles clés : Violetta, Desdemona (Verdi), Maddalena (Andrea Chénier de Giodano), Mimi, Tosca (Puccini)… Et même Aïda que Toscanini lui conseille de chanter et qu’elle enregistre en 1952 avec Mario del Monaco. C’est ce disque qui sert de bande son au film avec Sophia Loren.

 

Callas la remplace dans une représentation d’Aïda à la Scala. C’est le début d’une rivalité.

Au début, les rapports entre les deux cantatrices sont cordiaux. Sous la pression des fans et des journalistes, ils s’enveniment. On oppose deux artistes très différentes. Tebaldi possède une voix magnifique de soprano lirico-spinto (entre lyrique et dramatique) avec une caractérisation conventionnelle des rôles. Callas est une soprano dramatique colorature qui fait renaître l’esprit du bel canto. Callas est une guerrière et Tebaldi ne l’est pas. En 1954, cette dernière décide de ne plus mettre les pieds à la Scala : « Il ne peut y avoir deux coqs dans le même poulailler », dit-elle. Tebaldi continue à servir le beau chant tandis que Callas continue sa révolution théâtrale. Les deux artistes se réconcilieront en 1968 quand Callas aura jeté l’éponge et ira applaudir sa collègue dans Adrianna Lecouvreur au Met.

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Franco Corelli, Carlo Bergonzi et Mario del Monaco sont les trois ténors qu’on associe souvent à Tebaldi.

En 1955, Renata Tebaldi fait ses débuts au Met de New York dans le rôle de Desdemona. La mort de sa mère, fidèle supportrice la laisse désemparée, mais une nouvelle histoire d’amour commence avec les New-yorkais. Sa vie personnelle est assez discrète. On lui connaît une liaison avec la basse Nicola Rossi-Lemeni et le chef d’orchestre Arturo Basile, mais rien d’extravagant. Son timbre angélique, son phrasé musical et ses aigus impalpables font merveille sur scène comme au disque.

En 1960, Renata Tebaldi est sur scène lors de la fameuse représentation de La Force du destin de Verdi au Met de New York quand Leonard Warren meurt en cours de représentation.

 


« Un bel di vedremo » dans Madame Butterfly de Puccini

En proie à des problèmes vocaux, Tebaldi s’interrompt un an pour revoir toute sa technique en 1963.

Quand Maria Callas fait ses adieux à Londres, Renata Tebaldi est toujours en piste. Mais son timbre a perdu de son vif-argent et les aigus sont plus durs. En 1973, elle fait ses adieux sur la scène du Metropolitan de New York dans le rôle de Desdémona. Elle continue à donner quelques récitals pendant trois ans et fait ses adieux définitifs lors d’un récital à la Scala de Milan.

Elle laisse le souvenir d’une voix magnifique qui a surtout triomphé dans le répertoire « vériste », d’une artiste intègre, bienveillante et solide. Rudolf Bing, le directeur du Met, parlait de ses « fossettes d’acier ». Elle meurt tranquillement le 19 décembre 2004 à Saint-Marin à l’âge de 82 ans.

Elle laisse une riche discographie de vingt-six intégrales d’opéra. Dans les premières années, la voix est plus belle, dans les dernières années, elle est mieux entourée.

 

Olivier Bellamy

 

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