La Lisztomania, de Franz Liszt à Phoenix

Vous souvenez-vous de l’été 2009 ? Cet été là, Michael Jackson nous quittait et Noel Gallagher partait définitivement d’Oasis précipitant la fin du groupe. Cet été 2009 surtout, le tube de la saison était Lisztomania signé par le groupe français Phoenix ! Liszt, c’est initialement un grand compositeur romantique de la moitié du XIXème siècle, la première rock star de l’histoire dit-on ! Alors quels liens peut-on établir entre ce tube rock de Phoenix et le compositeur classique ?

Découvrez le lien entre Franz Liszt et le groupe français Phoenix :

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La chanson Lisztomania de Phoenix à écouter en lisant l’article !

A ses débuts, Phoenix a du mal à convaincre

Phoenix est un groupe de pop français né à Versailles dans les années 1990. Leurs premiers albums sont salués par la critique anglo-saxonne, les françaises sont plus circonspectes. Le Monde (article abonnés) s’agace du « battage fait outre-manche » autour de ce quatuor, et si le chroniqueur du journal reconnaît du charme à certaines chansons, « ces jeunes Français et leur gymnastique ludique finissent par manquer cruellement de substance émotive ». Pour Libération leur premier album est un « disque d’agrément » et le groupe fait preuve de « candeur communicative ». Les Inrockuptibles eux se laissent emporter malgré tout : « Phoenix a beau forcer tous les traits et empiler clichés et manières forcées, il est une chose qui en dépit de tout le sauve : ses chansons ».

 

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Phoenix devient un groupe mondialement reconnu grâce à la chanson Lisztomania

En 2009, le groupe publie son quatrième album, Wolfgang Amadeus Phoenix, qui contient deux tubes : Lisztomania et 1901. Succès immédiat pour les deux chansons qui font danser le monde entier !

L’album se vend à un million d’exemplaire dans le monde entier. Le groupe, enfin reconnu par la critique française, se lance dans une tournée mondiale. Marque de ce nouveau statut, c’est le premier groupe hexagonal à participer au Saturday Night Live de NBC, émission culte outre-atlantique. C’est aussi le premier groupe français à jouer au Madison Square Garden. Ils invitent pour l’occasion de vieux amis, les Daft Punk !

 

Avant Phoenix, Elvis Presley ou les Beatles, la première « mania » fut la Lisztomania

Franz Liszt est un compositeur et virtuose du piano qui a vécu de 1811 à 1886. Son talent, sa beauté et son sens de la mise en scène ont créé une véritable adulation dans les villes européennes où il donnait des concerts pendant les années 1840.
Le terme de « Lisztomania » est créé par l’écrivain allemand Heinrich Heine. Le suffixe -mania est depuis passé dans le langage courant pour désigner un vaste engouement populaire, comme la Beatlesmania des années 1960. Franz Liszt est une rock star avant l’heure !

La Rhapsodie hongroise n°2 de Liszt interprétée par la pianiste Valentina Lisitsa :

Le groupe revendique sa culture européenne et se la réapproprie

Le titre de l’album Wolfgang Amadeus Phoenix fait référence à un autre compositeur de musique classique : Wolfgang Amadeus Mozart. Pourquoi Phoenix mentionne-t-il deux compositeurs dans le même album ?
Dans une interview au site Goute mes disques, Laurent Brancowitz explique qu’il y a une volonté pour le groupe de mettre en avant sa culture européenne, tout en la détournant :
« C’était dans l’idée d’entrechoquer des choses qui n’ont aucun rapport. Un peu comme le chaos dont on parlait plus tôt. Ou comme quand Jeff Koons place son Michael Jackson and Bubbles à Versailles, dans le château du Roi Soleil. C’est une idée de contraste, un peu enfantine certes. Limite Pop Art. C’est cela l’idée de Wolfgang Amadeus Phoenix, un acte de vandalisme en quelque sorte. Après, pourquoi la musique classique ? On n’y a même pas réfléchi…Cela fait partie de notre mythologie. Aux États-Unis, c’est Andy Warhol et Marilyn Monroe. Pour nous Européens, c’est Franz Liszt et Mozart. L’idée de parler de ça était assez moderne. Au lieu de parler de Cadillac sur la Way 61. Cela nous fait jubiler. »

 

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Pour la chanson Lisztomania, le chanteur Thomas Mars évoque aussi une certaine nostalgie de l’époque où les concerts de musique classique étaient moins codifiés :
« Franz Liszt, c’était la première rock star, les filles l’adoraient, elles jetaient leurs gants sur scène quand il jouait. J’aimerais que les concerts classiques soient encore comme ça. »
Pour renforcer cette référence, le clip de Lisztomania a été tourné au musée Franz Liszt de Bayreuth, en Allemagne. L’accès à ce musée a été facilité par le fait que le réalisateur de la vidéo s’appelle Antoine Wagner… Descendant de deux géants de la musique ! De Richard Wagner et de Franz Liszt lui-même puisque sa fille Cosima a épousé Richard Wagner. Le clip a dépassé les 16 millions de vue sur Youtube, bien au-delà des autres vidéos du groupe.

Bref, on peut parler de Phoenixmania !

Augustin Lefebvre

 

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