La fin annoncée des moteurs thermiques et l’arrivée de l’électrique signent-elles la mort de l’industrie automobile en France ? La transition électrique ne se fera pas sans casse sociale, mais le déclin n’est pas inéluctable répondent de concert la CFDT et la Fondation Nicolas Hulot (FNH) dans un rapport qui vient d’être publié.
Industrie automobile: 16 000 emplois supprimés d’ici 2030 dans la filière moteur
La transition vers l’électrique pourrait entraîner la suppression d’ici 2030 de 16 000 emplois dans la seule filière moteur qui en compte aujourd’hui 57000. D’après Emmanuel Paillet, qui a travaillé sur le rapport pour le cabinet Syndex, une chute de l’emploi est inévitable. La raison de cette perte est simple : la fabrication d’un moteur électrique requiert 60% de main d’œuvre en moins qu’un moteur diesel et 40% en moins qu’un moteur essence.
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A partir de 2030, une stabilisation est toutefois possible grâce aux nouvelles opportunités d’emplois. Marie Chéron, responsable mobilité de la fondation Nicolas Hulot, estime qu’elles se trouvent dans l’électrique et plus spécifiquement dans les gigafactories et dans les activités de recyclage. Les premières permettraient de créer jusqu’à 15 000 postes en France, contre 9 000 pour les activités de recyclage comme le rétrofit, soit la transformation d’un moteur thermique en moteur électrique.
Gigafactories : de nouvelles opportunités d’emplois en France
Le problème, c’est qu’il va falloir un peu de temps pour que ces nouveaux emplois apparaissent. Il faut donc, selon les auteurs du rapport, mieux accompagner les salariés, déployer un fonds de transition, pour la reconversion et la formation, et accélérer la transition pour accélérer le déploiement des nouvelles activités. L’objectif étant de produire 100% d’électrique dès 2035. D’après Marie Chéron, si la transition est trop lente, « on risque de mettre encore plus de gens sur le carreau ».
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La France ne compte aujourd’hui que 3 projets de gigafactory, contre 8 en Allemagne. Selon la Fondation Nicolas Hulot et la CFDT, ce scénario de transition permettrait de créer 33% d’emplois supplémentaires dans la filière moteur d’ici 2050 à condition que les constructeurs relocalisent une grande partie des activités, et c’est bien là tout l’enjeu selon Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT. Afin d’organiser au mieux cette transition électrique, la FNH ainsi que la CFDT plaident pour l’organisation d’Etats généraux de l’automobile.
Baptiste Gaborit