Parc éolien de Saint-Brieuc : « une déclaration de guerre » pour les pêcheurs

Colsu/Wikimedia commons

Après 10 ans de concertations, les travaux du parc éolien en mer de la baie de Saint-Brieuc commencent aujourd’hui. Ce chantier titanesque durera trois ans avec, au total, la construction de 62 éoliennes situées à 16 kilomètres des côtes. « Une déclaration de guerre » selon le patron des pêcheurs des côtes d’Armor. Ils redoutent depuis des années l’impact de ce parc sur la faune marine.

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La tension sur place est très vive, un cocktail molotov a même été lancé à Erquy il y a un peu plus d’une semaine dans un chantier à terre. La marine nationale a déployé plusieurs bâtiments pour surveiller la zone, ce qui n’empêchera pas Julien Tréhorel de prendre la mer aujourd’hui à bord de son bateau l’Intrépide : « je suis prêt avec mon équipage à embarquer sur le bateau, on va rejoindre nos collègues sur zone car la seule solution est d’aller à la confrontation avec ces bateaux industriels et leur demander de partir » déclare-t-il.

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Julien Tréhorel, qui pêche surtout du homard dans la baie de Saint-Brieuc, ne décolère pas. Il craint que le parc éolien détruise leurs ressources. Ce qui inquiète les marins, ce sont les travaux, notamment les forages pour fixer les fondations des éoliennes, enfouir les câbles dont le bruit et les perturbations vont faire fuir les espèces présentes dans la baie comme le homard, les coquilles saint jacques ou les araignées.

 

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A cause de ce parc, les pêcheurs disent devoir trouver de nouveaux territoires de pêche mais sans garantie de retrouver leurs ressources. Le développeur du parc éolien met lui en avant une étude présentée en décembre dernier, réalisée avec plusieurs chercheurs du CNRS, qui conclut à l’impact très limité des travaux sur le cycle de vie des espèces, d’autant que ces travaux seront très surveillés, selon Emmanuel Rolin, directeur de Ailes Marines : « il y aura des suivis en temps réel pendant la période des travaux avec des seuils qui nous obligeront à réduire les travaux ou même les arrêter s’ils sont dépassés ».

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Ailes Marines dit avoir réalisé ces dernières années plusieurs ajustements, par exemple l’enfouissement de tous les câbles, d’avoir également opté pour des techniques de forage moins bruyantes ou encore d’avoir modifié la localisation du parc. Ce parc, mis en service fin 2023, est censé fournir de l’électricité à 835 000 personnes.

Baptiste Gaborit

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