OGM : Faut-il autoriser les nouvelles techniques de modification génétique ?

Alors que de nouvelles variétés d’OGM sont en train d’être créées grâce à de très récentes techniques de modifications génétiques, le débat autour de la réglementation de ces technologies est relancé. Faut-il autoriser ces nouveaux OGM ? Un rapport de la commission européenne est attendu ces prochains jours.

Les NBT permettent de modifier le génome d’une plante, leur taille, leur qualité nutritive ou la résistance à différents stress

Ces nouveaux OGM sont issus de nouvelles techniques de sélection que l’on appelle NBT (New Breeding Techniques) et permettent de modifier le génome d’une plante sans intégrer de gène d’une autre espèce. Selon Fabien Nogué, directeur de recherche à l’INRAE, c’est ce qui différencie les NBT d’un OGM traditionnel : « dans un OGM dit classique on apporte un gène exogène dans le génome de la plante (…) dans le cas de ces nouvelles technologies on modifie un gène existant (…) en quelque sorte on invente rien car il n’y a pas raisons que cette mutation là ne puisse pas être faite de manière naturelle ».

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Ce qui aurait pris des centaines d’années en sélection naturelle peut être obtenu en quelques années seulement grâce aux NBT, une technique également appelée Cripr/Cas9, et qui a valu à la française Emmanuelle Charpentier et à l’américaine Jennifer Doudna le prix Nobel de chimie l’an dernier. Ces NBT permettent d’intervenir sur le génome d’une plante et donc d’intervenir sur le caractère des plantes, leur taille, leur qualité nutritive ou la résistance à différents stress.

 

OGM : La Cour de Justice de l’Union européenne avait estimée en 2018 que les NBT relevaient de la règlementation classique

Plus de 50 espèces végétales font aujourd’hui l’objet d’expérimentations avec ces nouvelles techniques de sélection végétales, c’est le cas du riz, du maïs ou de la vigne, et offrent un potentiel inouï dont il serait criminel de se priver selon Claude Tabel, Président de l’union française des semenciers : « les NBT ouvrent un champ des possibles immense, d’abord développer des plantes plus résistantes à des maladies, ce qui permettrait d’utiliser moins de produits phytosanitaires ou des plantes qui résistent mieux à des stress hydriques ou de température. Avec le réchauffement climatique c’est devenu une priorité pour nous ».

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Aucune variété issue de ces NBT n’est aujourd’hui commercialisée en France. En 2018, la cour de justice européenne avait estimée que les NBT relevaient de la réglementation classique sur les OGM, mais les semenciers poussent pour les autorisation en France. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie estime également que les NBT ne sont pas des OGM, et donc que le cadre juridique européen n’est plus compatible. Ces prises de position inquiètent vivement plusieurs ONG, dont Greenpeace, qui estime que des erreurs de modification du génome sont possibles y compris avec ces nouvelles techniques. Suzanne Dalle, responsable du secteur agriculture pour Greenpeace, cite l’exemple d’une vache sans cornes aux Etats-Unis : « on a l’exemple d’une vache commercialisée aux Etats-Unis qui a été produite à partir de techniques d’édition du génome (…) a priori, cette vache-là ne devait pas contenir de gènes étrangers (…) or dans les faits des chercheurs indépendants se sont rendu compte qu’il y avait de l’ADN bactérien dans cette vache qui lui conférait une résistance aux antibiotiques (…) cela montre bien que l’on joue à l’apprenti sorcier ».

Baptiste Gaborit

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