Méditerranée : Une algue brune envahit les calanques

La Bretagne subit les échouages réguliers d’algues vertes, mais en Méditerranée, c’est une autre espèce qui inquiète de plus en plus, une algue brune invasive, apparue ces dernières années et qui prolifère notamment dans les Calanques.

Cette algue venue du Japon a été observée pour la première fois au début des années 2000 en France dans l’étang de Thau

La Rugulopteryx Okamurae est une algue japonaise signalée pour la première fois sur le littoral méditerranéen français il y a seulement 3 ans, en 2018 dans le parc national des Calanques. Elle gagne du terrain très rapidement, comme l’explique Thierry Thibaut, écologue marin à l’Institut Méditerranéen d’Océanologie « sa progression est assez inquiétante, on la retrouve dans une grande partie du parc national, également sur la Côte bleue, dans la rade de Marseille. C’est une espèce dite Transformer, tellement dominante qu’elle transforme l’habitat ».

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Dans la calanque de Callelongue à Marseille par exemple, les images sont impressionnantes : cette algue tapisse désormais les fonds, et est désormais présente de manière continue du Cap Coisette jusqu’à la calanque de Marseilleveyre et même dans le vallon des Auffes en plein Marseille. La Rugulopteryx Okamurae vient également d’être repérée au large de Sausset-Les-Pins et de Carry-le-Rouet. Cette algue venue du Japon a été observée pour la première fois au début des années 2000 en France dans l’étang de Thau, à côté de Sète, où elle aurait été importée de façon involontaire. Eric Charbonnel le directeur scientifique du parc marin de la Côte Bleue décrit « un endroit où il y a beaucoup de conchyliculture (élevage de coquillages) et d’importation de naissains d’huîtres (les juvéniles de différents mollusques). Sur ces huîtres et ces coquillages sont accrochées des petites spores d’algues qui viennent des mers japonaises, et aujourd’hui l’étang de Thau est l’endroit au monde le plus pollué génétiquement, puisqu’il y a plus d’espèces introduites que d’espèces indigènes locales au niveau des algues ».

 

Algues brunes du Japon : Les autorités espagnoles dépensent 2 millions d’euros par an pour s’en débarrasser

Reste à connaitre l’impact de cette algue sur la biodiversité locale sur la flore, la faune. Là-dessus, l’écologue marin Thierry Thibaut reste prudent. On la connaît encore très mal, mais elle pose déjà des problèmes en Espagne où elle présente depuis 2015 : « elle a un impact sur l’écosystème, et cause d’importants problèmes économiques. Elle forme des grandes banquettes sur la plage, qui pourrissent au soleil, dégageant des odeurs de H2S, des odeurs d’œufs pourris. Les autorités espagnoles dépensent 2 millions d’euros par an pour s’en débarrasser ». L’H2S, c’est de l’hydrogène sulfuré, un gaz qui se libère des algues en décomposition. Le phénomène a déjà été observé dans la calanque de Callelongue, le problème, c’est qu’il n’existe pour l’instant aucun moyen de limiter la prolifération de cette algue, qui se dissémine très rapidement, au gré des courants. Thierry Thibaut et les équipes du parc national des calanques mènent en ce moment un travail de cartographie précise du développement de cette algue.

Baptiste Gaborit

 

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