Vivre 4 mois en autonomie sur un radeau au large de la Thaïlande grâce uniquement à des low-tech. Tel était le défi de l’ingénieur français Corentin Chatelperron . Son journal de bord filmé et intitulé « 4 mois sur ma biosphère » est diffusé ce jeudi 28 octobre sur Arte.
Les low-tech répondent aux besoins en eau, en nourriture ou encore en énergie
Le défi a été réalisé en 2018 mais tout commence en réalité 2 ans auparavant. Corentin de Chatelperron, qui a fondé le Low-tech Lab en 2013 entame à bord d’un catamaran, un tour du monde des technologies durables. Les low-tech sont des technologies peu coûteuses, durables, facilement accessibles et qui répondent aux besoins en eau, en nourriture ou en énergie. « Dans le domaine de l’accès à la nourriture, on a découvert des systèmes de culture de plantes qui consomment 10 fois moins d’eau que de la culture classique. Ce sont des systèmes de culture hors sol que l’on a étudié au Cap-Vert. Dans le sud de Madagascar on a rencontré une scientifique qui faisait pousser de la spiruline, une microalgue pleine de protéines, de vitamines et de minéraux qui pousse avec très peu de ressources. Dans le domaine de l’énergie, à Dakar au Sénégal on a rencontré des gens qui font des éoliennes réalisées à partir de moteurs d’imprimantes recyclées » nous dit Corention de Chatelperron.
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Ce sont ces technologies qu’il a voulu tester avec une combinaison d’une trentaine de low-tech. Installé sur son radeau de survie dans une baie en Thaïlande, l’objectif était de vivre en totale autonomie pendant 4 mois : « pour la nourriture je devais cultiver de la spiruline, des feuilles, des champignons et des patates douces. Je vais aussi avoir un élevage de grillons comestibles et puis deux poules et une cane pour les œufs ». Pour les lipides : des patates douces et pour le reste, des champignons, des légumes et des feuilles, le tout, cultivé hors sol évidemment. Un dessalinisateur d’eau construit avec une bâche et devant fonctionner comme un ecosystème : « les grillons sont omnivores donc ils mangent les déchets organiques, les eaux grises c’est-à-dire les eaux usées contenant l’urine peuvent être transformées par des bactéries. Ces bactéries les transforment en engrais pour les plantes. Les déchets des plantes peuvent servir aussi à faire pousser des champignons. On peut donc créer un écosystème complet ».
Une expérience qu’il va mener de nouveau l’an prochain, dans le désert
En fait il faudra 3 mois pour que tout fonctionne bien. Les patates douces attaquées par des chenilles n’ont rien donné et pour les légumes et les feuilles, il a fallu changer de substrat et d’engrais en cours de route. Selon l’ingénieur il est reparti de zéro : « Je n’avais plus de fibre de coco mais les racines se développaient dans un lit de billes d’argile irriguées par un mélange d’eau faiblement concentrée en engrais. Une petite pompe alimentée par un panneau solaire fait circuler le mélange en circuit fermé. La solution nutritive s’écoule dans toute la gouttière ».
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Une expérience qu’il va mener de nouveau l’an prochain dans le désert cette fois-ci avec de nouvelles low-tech et un design plus travaillé : « il y a beaucoup d’innovations qui naissent dans des garages ou il n’y a aucun esthétique de design et d’ergonomie. Il faut designer ces low-tech en les rendant plus attrayantes ». Repenser nos modes de vie pour promouvoir ces innovations comme solutions locales et durables face au changement climatique. Le livre de Corentin de Chatelperron « Ma Biosphère, vivre autonome grâce aux low-tech » vient d’être publié aux éditions Arthaud.
Baptiste Gaborit