La Banque mondiale veut sauver les Rhinocéros noirs d’Afrique du Sud. L’organisation va émettre des « wildlife bonds », des obligations finançant la préservation de cette espèce en danger d’extinction. Ces obligations, les premières destinées à protéger la faune sauvage, sont émises dans le cadre d’un projet mené avec la société zoologique de Londres.
La Banque mondiale a pour objectif de lever 45 millions de dollars pour augmenter de 4% la population du rhinocéros noir
Avec ces « wildlife bonds », les investisseurs ne toucheront pas d’intérêt annuels mais pourront récupérer leur capital au bout de 5 ans et espérer une rémunération si les objectifs fixés sont atteints. Ces objectifs sont la levée de 45 millions de dollars et une hausse de 4% de la population des rhinocéros noirs dans les deux parcs naturels concernés. Selon Olivia Mokiejewski, réalisatrice du documentaire Rhino Dollars diffusé sur Arte, il est urgent de trouver une solution pour sauver l’espèce : « cette initiative comme toutes les initiatives qui tentent de lutter contre le braconnage est évidemment louable (…) mais il faut bien avoir conscience que cela fait de nombreuses années que beaucoup de moyens ont été mis en place par des Etats et des ONG et que malheureusement rien n’a été suffisamment efficace (…) espérons qu’il ne soit pas trop tard et qu’une coopération internationale puisse mettre fin à ce braconnage quasi-industriel ».
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Ce braconnage quasi-industriel effectué par des braconniers locaux au bénéfice d’organisations criminelles et gangs internationaux très structurés entraîne une disparition massive des rhinocéros noirs. Ils étaient plus de 70 000 il y a 50 ans, il sont aujourd’hui en danger d’extinction comme le souligne Charlotte Nithart, auteure de l’atlas du business des espèces menacées : « il ne resterait que 5 500 rhinocéros noirs à travers le continent africain (…) On assiste depuis une quinzaine d’année à une recrudescence du braconnage, en 2007, 7 rhinocéros ont été braconnés en Afrique du Sud, en 2013 il y en a eu 1000 ».
De 70 000 individus à moins de 5 000 en 50 ans : La chute démographique dramatique du rhinocéros noir
Ces dernières années, le braconnage a un peu ralenti et le nombre de rhinocéros noir a même un peu augmenté entre 2012 et 2018, passant de 4845 animaux à 5600, mais la situation reste très fragile. Les rhinocéros sont toujours braconnés pour leurs cornes, expédiés ensuite en Asie, notamment en Chine et au Vietnam où leurs sont prêtés des vertus médicinales. Des pays où le prix au kilo s’envole et promet des bénéfices colossaux aux revendeurs selon Charlotte Nithart : « au kilo la corne de rhinocéros se négocie de 5 000€ à 10 000€ en Afrique et cela peut atteindre 25 000€, 50 000€, voire plus sur le marché final en Asie ». En cas de succès, cette obligation pour sauver la faune sauvage pourrait être étendue à d’autres espèces menacées comme les lions ou les orangs-outangs.
Baptiste Gaborit