Invasion de plantes exotiques dans les cours d’eau : un fléau pour la biodiversité

Leslie J. Mehrhoff / Wikimedia Commons

Les Voies navigables de France et l’Office français de la biodiversité organisent ce 31 janvier, un séminaire consacré aux plantes exotiques envahissantes dans les voies d’eau en France. Ces plantes invasives prolifèrent et envahissent les canaux. Un phénomène aujourd’hui hors de contrôle selon les professionnels.

Au delà du risque environnemental il y a un vrai risque touristique

Ce n’est pas nouveau mais le phénomène s’est accéléré ces dernières années avec notamment la prolifération d’une plante exotique invasive. Celle qui pose le plus de problème aujourd’hui est le myriophylle hétérophylle. Selon Thierry Guimbaud, directeur général des Voies navigables de France : « on a commencé à repérer cette plante sur nos canaux en 2017 avec des zones de 50 à 70 km. En 2020 nous étions déjà à 300 km de zones touchées. On a donc une expansion explosive ». On retrouve cette plante sur canal de Bourgogne par exemple ou dans le canal de la Marne, au Rhin ou dans la Somme. Cette plante herbacée et vivace, originaire des Etats-Unis, n’a pas de prédateur connu en France. Elle se multiplie et finit par former un tapis végétal sur les cours d’eau : « ce tapis végétal ne rend plus la navigation possible. Les herbes se prennent dans les hélices et cassent le moteur. Tous les dispositifs qui alimentent les canaux comme les écluses par exemple, sont bloqués par les plantes. On commence à avoir des marécages plus que des vraies voies d’eau ».

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Il y a un risque d’uniformisation des paysages et donc un risque aussi touristique puisque ces canaux sont très fréquentés avec 11 millions de passagers en 2019. Ce myriophylle hétérophylle, comme les autres plantes invasives, a des conséquences sur la biodiversité native. Pour Arnaud Albert, chargé de recherche à l’Office français de la biodiversité et spécialiste des plantes exotiques envahissantes : « c’est une espèce qui va générer de grandes populations très denses. Elles vont ensuite accaparer les ressources comme les nutriments dans l’eau ainsi que l’espace. Cela va entraîner un appauvrissement de la diversité végétale à l’échelle locale. De plus ces tapis limitent la lumière et l’oxygénation de l’eau ce qui va impacter les espèces piscicoles c’est-à-dire les poissons ».

Sur les 6 700 kilomètres de canaux que gèrent VNF, 1 450 sont désormais touchés

Les espèces exotiques invasives sont aujourd’hui considérées comme une des principales causes de l’érosion de la biodiversité à l’échelle mondiale. C’est aussi vrai en France avec une centaine de plantes exotiques envahissantes recensées en métropole : « la majorité des espèces envahissantes ont été importées pour embellir les jardins et les bassins. Elles peuvent parfois s’échapper dans l’environnement avec les grains qui se dispersent à l’extérieur ou alors, lorsque les gens se débarrassent des déchets verts ».

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Sur les 6 700 kilomètres de canaux que gèrent les Voies navigables de France, 1 450 sont désormais touchés par la prolifération de ces plantes, sans solution efficace à long terme. « Nous faisons ce que l’on appelle du faucardage. C’est un peu comme si l’on passait la tondeuse dans l’eau en quelque sorte. On coupe ces herbes et c’est extrêmement lourd et coûteux. Plus on coupe la plante et plus on risque de la diffuser. L’arrachage est un peu plus fiable mais cela coûte trop cher. Il n’y a pas de solutions miracles » affirme Thierry Guimbaud. VNF investit, rien que pour le faucardage, plus 2 millions et demi d’euros chaque année. C’est l’un des enjeux de ce séminaire : réunir tous les acteurs pour tenter de développer des solutions pour endiguer ce phénomène inquiétant.

Baptiste Gaborit

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