Ne jetez pas vos cheveux à la poubelle, une fois coupés ! Ils peuvent servir à dépolluer la mer. Cet appel est lancé par l’association varoise Coiffeurs justes, qui récolte un peu partout en France les cheveux des salons de coiffures, qui sont ensuite assemblés en boudins pour capturer les hydrocarbures polluant les eaux.
Après le naufrage de l’Amoco Cadiz, des cheveux avaient été utilisés pour absorber le pétrole
Cet appel a été entendu par Vanina qui tient un petit salon de coiffure pour hommes à Paris, dans le 11ème arrondissement. Il y a peu de clients dans son salon, pandémie de Covid oblige, mais leurs cheveux finissent tous dans des sacs en papier recyclables, fournis par l’association Coiffeurs justes. Le cheveu est lipophile, c’est-à-dire qu’il absorbe le gras, comme le sébum ou les hydrocarbures.
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Cette technique peu connue a été utilisée par les pêcheurs bretons pour endiguer la marée noire créée par le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 ou encore en 2010 après l’explosion de la plateforme pétrolière Deepwater au large de la Guyane. Mais c’est seulement l’été dernier que Vanina en a entendu parler, lors du naufrage du Wakashio près des côtes de l’île Maurice. Les sacs de cheveux coupés dans le salon de Vanina sont donc envoyés dans le sud de la France, à Brignoles.
300 grammes de cheveux suffisent à créer un boudin pour absorber les hydrocarbures
Avec 4 600 salons adhérents, et même quelques nouveaux venus d’Europe, le fondateur de Coiffeurs justes, Thierry Gras, reçoit chaque semaine plus d’1 tonne de cheveux. Il engage une entreprise d’insertion locale pour enfiler les cheveux dans des collants et ainsi former des boudins, qui sont ensuite placés dans le port voisin de Cavalaire-sur-Mer et dans les cales des bateaux qui y sont amarrés. Et il suffit de 300 grammes de cheveux pour créer 1 boudin, qui une fois utilisé ne finira pas comme les boudins classiques, généralement faits à base d’hydrocarbures et ensuite incinérés.
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Thierry Gras attend d’un jour à l’autre les dernières autorisations pour commercialiser ses boudins. Il espère pouvoir à l’avenir les produire en circuit-court dans des centres d’insertion : là où il y a des coiffeurs adhérents. Son but : éliminer les micros-pollutions jusque dans les ruisseaux et les fleuves, notamment grâce à une autre invention : 1 tapis de cheveux pour capturer la pollution liée au rinçage des routes.
Laurie-Anne Toulemont