L’Argentine est touchée en ce moment par une vague de chaleur extrême. Les 45 degrés pourraient être dépassés demain. A Buenos Aires, 700 000 personnes se sont retrouvées sans électricité, Illustration de la vulnérabilité des métropoles face à ces évènements climatiques.
Après les ouragans Katrina et Sandy, on a constaté que le progrès technique était un facteur de fragilité invisible
Fragiles métropoles, c’est le nom d’un livre publié la semaine dernière aux éditions PUF, et c’est un enjeu majeur. Les grandes villes jusque-là symbole de puissance, de concentration des hommes, des richesses, des infrastructures, des progrès technologiques sont en réalité très vulnérables. Magali Reghezza est géographe, professeure à l’Ecole Normale Supérieure, spécialiste de l’adaptation au changement climatique, c’est une des contributrices de cet ouvrage collectif Fragiles Métropoles. « Elles ont été conçues comme l’aboutissement de la modernité, du progrès technique », explique-t-elle, « mais à partir des années 2000, après l’ouragan Katrina et l’ouragan Sandy, on s’est rendu compte que ce progrès technique était un facteur de fragilité invisible ». On le constate avec les catastrophes actuelles, poursuit-elle, la chaleur et les inondations créent de gigantesques pannes technologiques. Elle évoque « les vagues de chaleur, les inondations, et ce qui est un peu moins visible, les sécheresses qui posent des problèmes sur l’approvisionnement en eau ».
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Ces nouveaux risques imposent de revoir l’aménagement de nos villes
Des villes fragiles notamment en raison de leur dépendance à des réseaux interconnectés. Ludovic Faytre est le responsable des études risques à l’Institut Paris région, coordinateur du livre Fragiles Métropoles : « il suffit qu’un réseau tombe, par exemple le réseau d’alimentation électrique, pour qu’on assiste à un effet domino à l’échelle de la métropole ». L’agglomération francilienne est également concernée, avec un risque majeur identifié, celui d’une inondation majeure de la Seine. En cas de crue centennale, comme celle de 1910, 70% des métros et des RER seraient à l’arrêt et des dizaines d’hôpitaux inondés. Le coût est estimé à 100 milliards d’euros sur 5 ans. Alors comment rendre les villes résilientes ? Ce qui vient de se passer à Buenos Aires est l’exemple même d’une mauvaise adaptation selon Magali Reghezza, puisque le réseau électrique a craqué sous l’effet de la surconsommation électrique des nombreux climatiseurs. Ces nouveaux risques imposent de revoir l’aménagement de nos villes, indique-t-elle, via l’intégration de nouveaux matériaux notamment. Végétaliser face aux vagues de chaleur, tenter de rapprocher les pôles d’habitation et de travail, on parle désormais d’urbanisme climatique.
Baptiste Gaborit