La consommation de charbon atteint des niveaux records cette année et c’est l’une des conséquences de la flambée des prix du gaz. Le charbon est pourtant l’énergie la plus polluante de la planète.
Covid-19 : la forte demande en électricité est dû à la reprise économique post-pandémie
Malgré des années d’efforts, des engagements et des mesures prises surtout depuis 2015 depuis la COP21, le charbon représente encore 32% du mix électrique mondial. A elles seules les centrales à charbon produisent un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Dave Jones, du think tank Ember pointe « le rebond de la consommation de charbon qui est très agressif, on arrive à des niveaux équivalents à ceux de 2019. Cette forte demande en électricité est dû à la reprise économique post-Covid ». Une reprise économique qui a provoqué une envolée spectaculaire des prix du gaz. A côté, le charbon reste une ressource énergétique tentante car elle est plus fiable que les éoliennes ou les panneaux solaires et surtout moins chère et ce, malgré les sanctions liées aux émissions de CO2.
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Selon Colette Lewiner, experte énergie pour Capgemini, le coût variable d’une centrale au charbon est 10% moins cher que le coût d’une centrale au gaz : « du coup, la centrale la moins chère qui vient après le nucléaire est celle du charbon ». Le pays le plus gourmand en charbon est la Chine et sa consommation a même bondi de 14% cette année. Colette Lewiner déplore le fait que le pays a aujourd’hui dans son mix électrique, 65% de charbon : « pour la Chine, le charbon est une sorte de souveraineté et elle continue à construire une centrale à charbon par semaine ce qui est énorme ».
Le charbon pourrait encore représenter un cinquième de la consommation mondiale d’énergie en 2050
Autant d’ouvertures de centrales en Chine qui ont sapé les efforts de fermeture de centrales un peu partout dans le monde. Même en Europe la consommation de charbon a augmenté et particulièrement en Allemagne remarque Marc-Antoine Eyl-Mazzega, le directeur du Centre énergie et climat de l’IFRI, l’Institut français des relations internationales : « on a vu un rebond d’utilisation du charbon en Allemagne qui est dramatique, surtout quand on sait que le pays se veut le champion de la transition énergétique ».
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Cela s’explique surtout par le peu de vent dans le pays ces dernières semaines, « les rythmes de vent ayant baissé en Allemagne, la production des éoliennes a également baissé. Il à donc fallu relancer les centrales au charbon et au gaz. Cela doit nous alerter, le charbon sera finalement la variable d’ajustement du système électrique de nombreux pays. Il est clair que la plupart des pays dans le monde choisissent de privilégier la stabilité économique et sociale plutôt que de pallier l’urgence climatique. Il y a une vraie contradiction et c’est un désastre » déplore Marc-Antoine Eyl-Mazzega. Un constat qui s’avère particulièrement gênant à une dizaine de jours de la COP26. Selon diverses projections, le charbon pourrait encore compter pour près d’un cinquième de la consommation mondiale d’énergie en 2050.
Laurie-Anne Toulemont